Publié dans Fantasy, Jeunesse

Les chroniques des temps obscurs, tome 2 : Fils de l’eau – Michelle Paver

De quoi ça parle ?

Torak est un garçon à part. Un garçon qui sait parler aux loups. Un garçon qui doit affronter les Mangeurs d’Ames… au risque de perdre la vie. Le Clan du Loup, auquel il appartient, est menacé par une terrible maladie et la peur ronge la Forêt tout entière. Cet été-là, l’air est irrespirable, comme empoisonné. Nul ne connaît la cause de cette épidémie et seul Torak peut trouver l’antidote. Sa quête le conduit de l’autre côté de la mer, vers les mystérieuses îles du Clan du Phoque. Là-bas, Torak va braver un invisible danger et découvrir un terrible secret. Un secret qui changera sa vie à tout jamais.

Et c’est bien ?

C’est avec plaisir que j’ai retrouvé l’univers de Torak. L’univers de la forêt, des clans, mâtiné de chamanisme et auquel l’autrice ajoute un soupçon de magie particulièrement intéressant et qui fait tout le sel de cet univers.

L’atmosphère de cet ouvrage est bien plus sombre que celle du tome précédent. Malédiction, être inquiétants par l’entremise des Tokoroth, une maladie qui ravage les différents clans. La fuite de Torak dans l’espoir de trouver un remède à tout cela, Torak poursuivi par une menace invisible et malfaisante. Pas mal de passages de son périple rendent toute lecture vespérale un rien angoissante. Cet aspect servi par le style de Michelle Paver, qui a défaut d’être beau, est néanmoins très efficace et fluide.

Plusieurs aspects du tome 1 sont davantage développés et laissent présager des réponses dans les tomes suivants : les fameux Mangeurs d’Ames, dont ont commence à entrevoir les desseins initiaux et actuels, les pouvoirs de Torak, présentés de manière suffisamment subtile pour que l’on n’ait pas le sentiment d’une énième figure d’ « Elu » à qui tout va réussir.

Mention spéciale aussi aux personnages féminins, qui ne sont pas en reste, et c’est agréable. Le personnage de Renn, particulièrement débrouillard, m’a plusieurs fois rappelé Hermione qui sert souvent de bouée de secours à Harry. Saeunn, la mage du clan des Corbeaux est également particulièrement appréciable.

En somme, autant de qualités qui font de ce livre jeunesse un texte pas simplet pour un sou. Je ne garde aucun souvenir de ma première lecture, j’ai donc redécouvert l’aventure avec le plaisir d’un oeil presque neuf.

A lire si vous cherchez :
– une atmosphère sombre et prenante
– un style efficace et fluide
– des personnages qui évoluent et grandissent de manière crédible

Note : 4 sur 5.

>> Vers la chronique du tome 1 <<

Publié dans Jeunesse, Science-fiction

Cogito – Victor Dixen

De quoi ça parle ?

Un don du ciel…
Roxane, dix-huit ans, a plongé dans la délinquance quand ses parents ont perdu leur emploi, remplacés par des robots. Sa dernière chance de décrocher le Brevet d’Accès aux Corporations : un stage de programmation neuronale, une nouvelle technologie promettant de transformer n’importe qui en génie.
…ou un pacte avec le diable ?

Et c’est bien ?

En un mot : OUI ! Je ne suis pas très young adult et cette lecture était en plus pour moi l’occasion de lire un deuxième livre de l’auteur, le premier, Phobos, m’ayant laissée sur ma faim. Ce qui m’a fait énormément apprécier celui-ci et qui me pousse à le conseiller, ce sont les thèmes qu’il aborde et la façon dont l’auteur les a traités.

L’aventure, un peu comédie pour ado est un peu light et parsemée de stéréotypes tant dans ses personnages que dans le scénario, qui réunit un peu le cahier des charges d’un film catastrophe. La jeune rebelle issue des bas-quartiers qui rencontre le monde des riches imbus d’eux-mêmes. Roxane ne m’a pas été foncièrement antipathique et je me suis attachée à certains de ses camarades. Faune, surtout, et son côté « ovni » de la nature dans un univers dominé par le numérique, les robots, les IA. Il ne se démonte pas et sont passif lui est utile. Les tourments de ces adolescents et leurs jeux m’ont un peu laissée sur le côté, ça ne m’a pas spécialement parlé, sûrement parce que ça ne trouve pas d’écho en moi. Disons que cet aspect du roman est sympa, ça se laisse lire. L

Le meilleur à mes yeux, c’est que cette aventure sert presque de prétexte à la réflexion menée par l’auteur sur l’Intelligence Artificielle. L’année 2020 s’est vue à plusieurs reprises placée sousle signe de l’IA, qui est apparue dans les actualités, et même les actualités politiques, pour le mettre en réflexion. Si c’est un sujet assez éculé en science-fiction, reste néanmoins que le développement de l’auteur dans se roman m’a beaucoup plu.

Cette question et celle du transhumanisme me touchent beaucoup : jusqu’où aller ? Comment éviter le danger d’une technologie par et pour les riches au détriment des plus démunis ? Ou y a-t-il moyen, grâce à l’IA, d’automatiser la création de richesse pour permettre plus de liberté à l’être humain et lui permettre de choisir son occupation, créer de la plus-value culturelle, éducative, de santé, etc…

L’auteur pose toutes ces questions, on sent qu’il s’éclate à y réfléchir. Il questionne aussi le travail dans notre société : pourquoi travaillons-nous ? (vaste question) Cela nous libère-t-il ou nous aliène-t-il ? Les questions qu’il pose sont aussi en phase avec l’actualité, j’ai notamment beaucoup pensé à la pratique du « voice picking », qui consiste à ce qu’un préparateur de commande muni d’une oreillette suive les directive d’un robot. L’auteur appuie son propos sur le contrat social de Rousseau et le mêle avec brio à son récit. Son développement final m’a particulièrement plu. L’auteur met les mots sur ce que je pense depuis des années, de manière simple et concise. D’ailleurs, si l’aventure m’a moyennement plus, le dénouement m’a séduite : le devenir de Roxane, son discours, l’évolution des Clébardes… On a là une science-fiction positive, qui imagine de potentielles solutions pour demain, et je trouve que c’est à saluer.

Vous l’aurez compris, davantage que pour son aventure, j’ai adoré l’aspect réflexif de ce roman, autant que j’ai adoré que cette réflexion soit proposée dans un roman estampillé jeunesse, avec un contenu qualitatif. Si vous avez l’occasion de croiser sa route et que ces sujets vous intéressent, c’est un roman que je recommande vivement 😃

A lire si vous recherchez :
– un roman qui fait turbiner du ciboulot sur notre société
– un questionnement sur l’IA
– une aventure style « film catastrophe » avec des ados

Note : 5 sur 5.
Publié dans Jeunesse, Thriller

Killing November, tome 1 – Adriana Mather

De quoi ça parle ?

Absconditi est une académie secrète et ultra-élitiste réservée aux enfants des Clans, un ordre tentaculaire qui manipule dans l’ombre les destinées du monde. Cours d’empoisonnement, lancer de couteaux, vols en tout genre… les élèves sont formés aux métiers d’assassin, d’espion, d’escroc. C’est un endroit cruel où les amis sont rares et dangereux : chaque année, des pensionnaires y meurent dans d’étranges circonstances. November Adley ignore pour quelle obscure raison son père l’a placée là, tant elle semble inadaptée à cet environnement. Elle devra pourtant s’y faire, et vite. Pour survivre, il lui faudra fouiller dans son passé et trouver sa place sur l’échiquier des Clans…

Et c’est bien ?

Killing November, c’est de prime abrod une plongée in medias res. Comme l’héroïne, November, le lecteur ne comprend pas grand-chose. Cette dernière se réveille dans une académie dont elle ne connaît rien, manifestement sur décision de son père. Elle peine à lier avec les autres élèves, et pour cause, ceux-ci ont deux ans d’avance sur un apprentissage qui les amène manifestement à se comporter comme des espions et des tueurs. Dès lors, les informations sont précieuses, et les obtenir n’est guère aisé. Le premier des problème de November étant que ses condisciples semblent avoir davantage d’information sur elle qu’elle n’en dispose, en sus de leur cursus et de la raison d’être de cette académie.

November se lance alors dans la chasse aux informations, et le lecteur aussi. De fait, l’addiction point vite le bout de son nez ; l’autrice les distille au compte-goutte et à fort bon escient, et l’on en demande très rapidement davantage. A tout cela s’ajoute une affaire de meurtres qui secouent l’académie, et évidemment, notre héroïne a souvent un coup de retard. Découvrir avec elle les différents cours, les différents professeurs a été un très bon moment. Comme elle, on apprend vite à ne pas prendre pour argent comptant toutes les informations qui nous passent sous le nez. L’autrice nous met très bien dans la peau de son personnage, et c’est ce qui fait, je pense, la grande réussite de l’ouvrage.

Le style est direct. Un peu abrupt au départ, mais je m’y suis vite faite. Les personnages sont développés de manière intéressante. Certains possèdent quelques traits un peu caricaturaux, mais demeurent néanmoins suffisamment riche pour que l’on pardonne rapidement cet aspect. La menée de l’enquête est passionnante et même si j’avoue avoir vite deviné le nom du vilain, ce qui y conduit et les éléments de résolutions sont brillants et bien ficelés.

En somme, moi qui ne suis habituellement pas grande fan de young adult, j’ai ici rapidement été prise de frénésie quant à la lecture de cet ouvrage. Le style, les personnages et l’aspect chasse aux informations m’a rapidement passionnée. Adriana Mather nous mène par le bout du nez, et on en redemande.

A lire si vous recherchez :
– un retour à l’école mais avec des matières atypiques
– une héroïne qui vaut le détour
du suspens

Note : 5 sur 5.
Publié dans Fantasy, Jeunesse

Chroniques des temps obscurs, tomes 1 : Frère de Loup – Michelle Paver

De quoi ça parle ?

L’aventure commence il y a six mille ans…
L’Esprit du Mal s’est emparé d’un ours. Seul Torak, douze ans, peut le défier. La prophétie est formelle : il est Celui-qui-écoute. Il doit trouver la Montagne de l’Esprit du Monde pour rétablir l’harmonie entre les hommes, la nature et les animaux. Accompagné d’un jeune loup qui lui ressemble comme un frère, Torak s’engage dans la Forêt Profonde. Alors commence un étonnant périple au cœur d’une nature magique, à la fois fascinante et hostile…

Et c’est bien ?

Petite relecture d’une saga que je n’avais pas fini. Elle fait partie de celles que j’avais perdu de vue en attendant les parutions. Une petite remise dans le bain s’est avérée nécessaire avant de combler mes lacunes.

Les chroniques des temps obscurs offrent une plongée dans un monde où les hommes vivent dans la nature, en harmonie avec elle. Ils sont frères avec les animaux et les végétaux, vouent leur protection aux esprits. L’autrice diffuse ce contexte peu à peu, et j’ai beaucoup apprécié de partir suivre Torak et Loup à travers la Grande Forêt. On sent que l’autrice s’est beaucoup documentée sur de multiples points : les soins, la fabrication d’objets et de vêtements, la manière de vivre. Il en va de même pour le chamanisme et ses principes d’échange entre la réalité et le monde des esprits. Le tout accommodé de manière plutôt fine à un texte de fantasy : le principe des Mangeurs d’âmes, celui des trois âmes et de l’ours maudit… L’ensemble crée un monde plutôt original dans lequel chaque découverte est plaisante.

Ce premier tome narre aussi la quête initiatique de Torak : il y découvre qui était son père, pourquoi il a toujours vécu à l’écart des autres clans, et part à la recherche de ce qui pourra l’aider à vaincre l’ours et apaiser l’Esprit du Monde, rendu furieux par le mage qui a contribué à corrompre l’animal.

Les personnages quant à eux sont intéressants à découvrir. Ils correspondent certes à des schémas assez classiques mais ne tombent pas dans le cliché insupportable. Torak, enfant de la prophétie, relativement naïf quant à la vie des clan, trouve des réponses et une amie de choix en la personne de Renn, excellente chasseuse. Fin Kedinn, chef du clan du Corbeau, tient le rôle du colosse taiseux mais sympathique, et la mage Saeunn celle de la sage aux connaissances étendues.

Le périple engagé par Torak nous mène à sa suite dans un long voyage périlleux. L’histoire demeure classique mais pas simplette, et développe certains côté de manière suffisamment personnelle pour ne pas avoir l’impression de lire une redite de ce que l’on peut lire habituellement en matière de livres qui mettent en scène une quête initiatique. J’ai pour ma part particulièrement apprécié l’époque choisie et le fait que l’autrice ait cherché le réalisme quant aux modes de vies des héros.

Un bon petit texte jeunesse, qui se lit sans faim et avec grand plaisir.

A lire si vous appréciez :
– les aventures façon quête initiatique
– la fantasy d’inspiration préhistorique
– les livres où la nature est particulièrement présente

Note : 4 sur 5.
Publié dans Fantasy, Jeunesse

Le dompteur d\’avalanches – Margot Delormes

Résumé : Bienvenue dans les tribulations montagnardes de Ditto, jeune garçon qui, lors d\’une attaque de dragon, se découvre le don d\’ \ »écouleur\ » : il peut modifier la matière. Problème : dans hameau et ceux alentours, les écouleurs ne sont guère appréciés, et il risque fort de se retrouver livré aux mains d\’une église peu tolérante avec les dons magiques. Ditto est contraint de fuir dans la montagne, à la recherche de la Lorlaïe, une créature qui pourrait peut-être l\’aider… 

Avis : Un ouvrage particulier, que j\’ai mis un certain temps à apprécier. Les premiers contacts avec l\’univers de Margot Delorme paraissent relever du jeunesse : un bestiaire riche, un jeune garçon, certains passages qui peuvent paraître simples. 

Mais peu à peu j\’ai été touchée par l\’aspect un peu brut et atypique de l\’ouvrage : le style et le vocabulaire. La narration est presque parlée. Au début c\’est dérangeant. Et puis l\’autrice adapte à son univers des mots de patois, des légendes, des mots trafiqués qui ressemblent au nôtre. Le tout donne un mélange plutôt subtil, fin, drôle, plein de clins d\’oeil… et au final pas si simple (ni simplet) que ça.  On trouve des dahus au milieu des moutons et des chèvres, on évoque l\’ \ »Evrope\ »… J\’ai beaucoup aimé certains clins d\’oeil à plusieurs oeuvres, cinématographiques ou littéraires.

D\’un premier tiers que j\’ai traversé sans plus que ça, au reste de l\’ouvrage que j\’ai littéralement dévoré, en en apprenant plus sur le don de Ditto, sur les liens et implications des différents personnages au sein de ce monde magique, mon regard a vite changé. Même certains personnages qui m\’agaçaient un peu au départ de par leur côté très jeunesse (un caracal bleu et une marmotte) me sont devenus sympathiques. 

Le seul gros point dommage, c\’est d\’avoir voulu vendre l\’ouvrage, en quatrième de couverture, comme de la fantasy à la Miyazaki. Je pense que ça peut être un très gros point de déception pour les lecteurs qui s\’attendent à cet aspect. Car de Miyazaki, je vois vaguement la mention d\’un personnage dans une phrase qui pourrait s\’y rattacher, mais sans plus. Je dois avouer que c\’est ce qui m\’a aussi tenue sur ce premier tiers où j\’ai eu du mal à accrocher ; c\’est à partir du moment où j\’ai lâché la recherche de cet aspect que j\’ai réellement apprécié l\’ouvrage pour ce qu\’il était. 

La fin est particulièrement sympa… et à ce stade, l\’autrice a esquissé bien des choses, dont j\’espère que nous pourrons lire plus avant dans d\’éventuelles suites. 

En attendant, une très, très bonne surprise. J\’en attendais du bien… mais cela a pris une forme autre que celle que j\’attendais au départ. Un petit bijou de langue, d\’univers et de finesse, que je vous engage à découvrir (sans vous attacher à Miyazaki 😉 ).

C\’est du bon !