Publié dans Bande dessinée, Planet opera, Science-fiction

Terra Prime, tome 1 – Ogaki

De quoi ça parle ?

Il y a 250 ans, un million d’hommes et de femmes quittaient la Terre pour partir à la recherche d’une nouvelle planète habitable. Trois générations de vie commune dans un vaisseau-monde, cocon inaltérable aux frontières bien dessinées, reconstitution parfaite d’un monde passé, à jamais révolu. Mais comment réagir quand on se retrouve brusquement confronté à l’altérité ?

Et c’est bien ?

Une idée de départ sympa : un vaisseau-monde sur lesquels se sont succédé plusieurs générations d’humains dans l’espoir de trouver une planète habitable. Une frange militaire, une frange civile. En bonne fan de la série Battlestar Galactica, je me refais pas, j’ai mis un pied dedans (pas dans le Battlestar, dans la BD. Enfin, pas au sens littéral hein).

L’histoire démarre avec la commémoration du Grand Départ, où le « conseiller » (comprenez « président ») évoque la nécessité de préserver l’héritage des ancêtres humains afin de perpétuer leur héritage et leur culture. Au milieu de tout ça, au fin fond d’un bar, la voix d’Elise, anthropologue, s’élève pour faire remarquer qu’après trois siècles, ça vire un peu à l’absurde et que l’humanité n’a pas évolué, faute de contact avec l’Autre. Evidemment ça fait tâche, et au moment où la situation commence à devenir un peu tendue, elle est sauvée un peu in extremis par l’intervention du généticien du bord. Le gars chargé de préserver le patrimoine génétique animal et végétal.

Opposé au conseiller, un parti progressiste grandissant qui ne voit plus l’intérêt de débarquer. Il se sont habitués au vaisseau, et profiter du confort autarcique qu’il propose leur paraît plus enviable que d’aller défricher une future planète à coloniser. Les choses s’enveniment, et le vaisseau se crashe sur une planète viable sur laquelle les dirigeants comptaient pour mener à bien leurs projets.

L’ensemble s’ouvre sur du plutôt bon. L’affrontement des deux bords politiques est intéressant et bien pensé, et notre Elise contemple tout cela avec une certaine désapprobation. Le dessin est chouette, les couleurs, les inventions graphiques pour figurer le vaisseau sont sympa.

Les « hics » arrivent un peu plus tard. Au fur et à mesure que l’histoire avance, ce qui m’avait paru intéressant dans les deux arguments politiques s’étiole. Les propos manquent de nuance et virent dans les extrêmes. La seule voix de la raison, modérée, c’est Elise, isolée. Le conseiller semble la prendre particulièrement en grippe. Elle, une nana a priori insignifiante dans le fonctionnement du vaisseau puis dans la tentative de colonisation suite au crash. Elle, parmi plusieurs millions d’individus.

Hics toujours : Elise, qui depuis le début est présentée comme une fille au caractère un peu marqué, relativement forte, suffisamment en tout cas pour aller à l’encontre de ce que tout le monde pense, glisse vers la donzelle rougissante. J’étais parvenue à pardonner certaines cases précédentes bien convenues de cul rebondi additionnées de scoliose (vous savez ces poses de femmes de BD que toi t’essaies d’adopter, tu te pètes trois vertèbres au passage- mais au moins t’as un beau cul) en regard de certains de ses traits de caractère. Personnage principal, avec un cerveau dont elle se sert, qui part explorer la forêt et s’intéresse aux plantes. Ça ça me bottait à fond. Mais ça dure deux planches. Et ça vire à la bluette.

Hics encore : la civilisation autochtone croisée sur la planète partage fort à propos le même langage que les humains et, ô miracle, se révèle même compatible génétiquement avec eux. La colonie humaine se construit à la vitesse grand V avec de super moyens technologiques malgré le crash de leur vaisseau. Ils ont même de petits vaisseaux de transports (mon obsession ça a été : mais où qu’y trouvent leur énergie ??). Et quelques clichés (ouhlala on n’est plus beaucoup, les filles faites des gosses… et toujours personne pour dire non, sauf Elise).

J’aurais pu accepter tout cela avec des « arguments », des planches qui auraient préparé puis opéré ces changements. Malheureusement, l’auteur multiplie les ellipses et saute de moment-clé en moment-clé, en oubliant de mettre du liant dans tout ça. C’est bien dommage, car de bonnes idées, il y en a. L’histoire parcellaire du peuple autochtone, le métal mystérieux qui semble tant intéresser le conseiller… Bref, y avait matière à, mais ça manque de développement. Un peu comme si l’auteur était très pressé de nous montrer ses passages de révélations mais sans prendre le temps de dérouler l’histoire. Lecture mitigée donc, j’attends de voir les suites, en espérant que l’ensemble s’étoffera.

Note : 2 sur 5.
Publié dans Planet opera, Science-fiction, Space opera

Le chant des fenjicks – Luce Basseterre

Illustration de Vadim Kashin

De quoi ça parle ?

A travers une histoire chorale, Le chant des fenjicks narre l’histoire d’une révolte ; celle d’êtres-vivants utilisés comme transports et dont l’espèce s’éteint peu à peu. Le récit s’ouvre sur le point de vue de deux protagonistes. Waü Nak Du, un chalek, espèce d’origine reptilienne et dont le peuple a conquis de nombreux recoins de l’espace. Ils se caractérisent par un dégoût de la violence, une grande bienveillance et une ouverture aux autres. Waü Nak Du, spécialiste en cybernétique et en implantation d’IA sur les fenjicks – ainsi transformés en « cybersquales », dont le projet principal tombe à l’eau. Waü doit alors trouver quelque chose de crédible pour montrer son utilité à ses supérieurs, sans quoi il risque de devoir rembourser une dette de citoyenneté plus lourde que prévue. Le second point de vue principal est celui de Smine Furr, un félidé sans histoire de la planète Imbtu, dont le peuple accepte mal la pression douce mais inexorable du peuple chalek. Smine rencontre des difficultés avec les représentantes de son peuple, dont les injonctions de reproduction lui pèsent de plus en plus. Ces deux protagonistes vont se retrouver bon gré malgré à prendre part à une entreprise qui les dépasse.

Et c’est bien ?

L’univers du Chant des fenjicks prend place dans le même que La débusqueuse de mondes. J’avais beaucoup apprécié cette précédente lecture et c’est avec plaisir que j’ai plongé dans ce nouveau roman de l’autrice.

Alors que dire ? En premier lieu, j’ai eu de grosses difficultés à entrer dans l’histoire. En cause, plusieurs éléments qui se réunissent et forment un obstacle à surmonter avant de se concentrer sur l’histoire : des noms propres – prénoms ou toponymes -, à consonance étrangère et formés de plusieurs mots très courts, des noms communs inventés propres aux cultures que l’on croise, et une narration à l’inclusif, non pas avec des points médians mais avec des déterminants transposés dans un neutre inventé (« man » pour « mon », « li » pour « lui, la, le », « quelqu’unae » pour « quelqu’un / quelqu’une »…) – inclusif par ailleurs totalement logique et justifié par des personnages non-sexués. L’ensemble a formé un amalgame où j’ai eu énormément de mal à faire la part entre les mots inventés, les mots appartenant à la grammaire, en plus de la gymnastique de retenir qui était qui. Une entrée dans le récit qui m’a donc été fastidieuse. Néanmoins, une bonne nuit de sommeil le temps de remettre de l’ordre dans tout ça et le lendemain j’y ai replongé sans problème.

Une fois cet obstacle franchi, Le chant des fenjicks offre une histoire prenante, dans laquelle on découvre le quotidien de Waü et Smine, sur fond politique perturbé. Les deux peuples ne s’entendent pas très bien, et les questions de reproduction posent de graves problèmes. Les félidés deviennent stériles en raison d’outils connectés imposés par les chaleks, occasionnant une vive opposition de la part du matriarcat félin. De leur côté, les chaleks exigent de leurs congénères une contribution à leur politique nataliste et impose des conditions de reproduction contraignantes. L’ensemble prend une tournure de thriller particulièrement prenante. On découvre les craintes des deux protagonistes, et leurs soucis. L’autrice n’en fait pas pour autant des antagonistes, que ce soient les peuples ou ces deux personnages et développe une palette intéressante de personnages et personnalités.

La surprise survient lorsqu’un troisième paramètre entre en scène : les fenjicks, loin d’être des animaux trépanés dotés d’IA, vont se trouver en position de retrouver leur libre arbitre et d’exiger la libération de leurs congénères. Si la tournure que prend l’histoire m’a plu par bien des aspects, j’ai eu un peu de mal avec la narration. Là où j’étais bien installée pépère avec man Waü et mon Smine, que j’avais eu du mal à apprivoiser, et dont j’attendais avec impatience de découvrir le devenir, la narration commence à s’éparpiller entre les protagonistes fenjicks qui retrouvent leur liberté, et les personnages qui leur viennent en aide. Plus de contexte posé que l’on suit de manière un peu fouillée, mais des sauts de narrateur en narrateur, de lieux en lieux, et dans des temporalités diverses. Si l’introduction d’un ou deux autres narrateurs ne me perturbe d’habitude pas, là j’ai eu le sentiment qu’il y en avait trop, en sus de l’accumulation de nouveaux prénoms, donnant à l’ensemble un côté trop furtif et trop rapide pour que j’intègre pleinement les contextes. Je me suis également perdue dans le déroulé chronologique des événements. L’autrice spécifie bien combien de temps s’écoule, mais les ellipses ont occasionné une frustration dans ma lecture, accroissant mon sentiment de narration trop rapide. Je regrette surtout que les histoires de Smine et Waü aient été laissées de côté et abordées plus succinctement par la suite.

Malgré ces quelques bémols, le voyage m’a tout de même été sympathique, et j’y ai croisé nombre de thèmes que l’on retrouve souvent dans les écrits de Luce Basseterre – que j’apprécie beaucoup pour ça : la liberté, la libre disposition du corps, le respect des individus dans toutes leurs différences. Retrouver les plate-formes spatiales cosmopolites où se croisent divers êtres de toutes formes, tous peuples et toutes langues a été très plaisant et m’a, par plusieurs côtés, rappelé ma lecture de la trilogie Voyageur de Becky Chambers. Une science-fiction sensible et sociale comme j’apprécie de plus en plus d’en découvrir.

A lire si vous souhaitez :
– retrouver l’univers de La débusqueuse de monde
– lire une science-fiction positive

Note : 4 sur 5.
Publié dans Coups de coeur, Planet opera, Science-fiction

Le Cycle de Lanmeur, tome 1 : Les contacteurs – Christian Léourier

Résumé : Quand les hommes de la planète Lanmeur accèdent pour la première fois au voyage spatiale, ils ont la surprise de découvrir que d\’autres humanités s\’épanouissent dans l\’univers. Un hasard ? Peut-être pas. Lanmeur lance alors l\’idée du Rassemblement, et envoie alors des contacteurs sur ces mondes plus ou moins avancés, avec pour mission de les intégrer à une nouvelle grande civilisation humaine. Mais quels intentions masque ce grand projet ?
Avis : D\’excellents avis lus sur cet ensemble de textes m\’ont poussée à m\’intéresser à Lanmeur, lors de la reparution du cycle chez Ad Astra. Les couvertures Folio SF m\’ont attiré l\’oeil, et le premier tome de cette intégrale est tombée dans mon escarcelle… pour mon plus grand bonheur…


Trame

Et l\’aventure à commencé avec ce premier tome. Et quelle aventure ! En trois parties, chacune narrant l\’histoire d\’un contact entre la civilisation de Lanmeur et celle d\’une nouvelle planète. Trois voyages, trois textes à part entière, porteurs de différents styles, dépaysants, dérangeants, effrayants, poétiques… une vraie découverte. 
Le premier texte, Ti Harnog dépeint une civilisation très stricte, où chacun a sa place ; et où chacun naît femme, puis devient homme sur ses vieux jours. Twern le contacteur, homme jeune, détonne donc dans une société où un homme glabre est une anomalie. Le lecteur découvre à travers ce texte une histoire à la limite de la fantasy : une quête, une histoire d\’Elu, des batailles épiques et un environnement pseudo-médiéval. L\’auteur réussit parfaitement à dépayser son lecteur en inventant un fonctionnement de société original et suffisamment bizarre pour que l\’on soit déstabilisé… au moins autant que le contacteur. Un texte à la saveur \ »vieille héroïc-fantasy\ », qui ne se dépare par pour autant de son côté SF. Un tour de force.
Le deuxième texte, L\’homme qui tua l\’hiver, plonge le lecteur dans la quête archéologique d\’Akren, jeune femme débarquée sur la planète Nedim afin d\’étudier, pour le compte de Lanmeur, les vestiges de Gogleth, cité prisonnière des glaces. Avec des indigènes persuadés que Nedim, leur planète, est une divinité refusant les colons, elle brave l\’espace impitoyable et glacé qui sépare son lieu d\’atterrissage de Gogleth, à la recherche de reliques anciennes. Entre Indiana Jones et les romans de Jack London, j\’ai suivi avec passion la lutte d\’Akren pour survivre et accomplir son rêve. 
Le troisième et dernier texte, Mille fois mille fleuves, apporte un nouveau dépaysement. Un peuple qui vit au bord de l\’eau et vénère le fleuve qui les accueille sur ses flots. Chaque année, le fleuve reçoit une nouvelle épouse. Cette année, Ynis, l\’hérïne de ce texte, est choisir pour s\’unir au fleuve. Elle narre au lecteur son histoire : sa convocation par le dieu, le Vieux Saumon, sa découverte des hommes-oiseaux, la faute qu\’elle a commise et son exil. Un texte plein de poésie, et très beau de par l\’histoire d\’amour qu\’il évoque. Une histoire d\’amour narrée avec suffisamment de subtilité pour ne pas en faire un texte mièvre. 


Personnages

Dans chacun des textes, les personnages sont développés avec finesse. Twern, qui ne comprend pas le fonctionnement de la société de Ti Harnog et provoque malgré lui des changements profonds. Son évolution se fait en finesse. Akren est arrogante et reste longtemps antipathique pour le lecteur. Elle ne comprend pas les indigènes qui la mènent à Gogleth, ni leur façon de vivre. En temps que Lanmeurienne, persuadée de la puissance de sa propre civilisation, elle finira pourtant par percevoir un peu de la grandeur de Nedim. Enfin, Ynis, jeune femme persuadée de sa faute, ne se rendra jamais compte du service qu\’elle a rendu au Vieux Saumon. Ces personnages, par leurs yeux, nous donnent un aperçu de trois humanités au fonctionnement différent mais passionnant. 


Style

La finesse du style de l\’auteur fait également beaucoup. Chacun des récits est raconté d\’un point de vue totalement différent. 

Dans Ti-Harnog, le lecteur découvre la planète par les yeux du contacteur. On garde à l\’esprit sa quête, même si elle est souvent perdue de vue. Dans L\’homme qui tua l\’hiver aussi, le lecteur suit la quête du Lanmeur par les yeux d\’Akren… et certains desseins de cette civilisation semblent bien moins doués de bonnes attentions que ceux du premier texte. Enfin, dans Mille fois mille fleuves, le lecteur se demande longtemps le rapport avec Lanmeur et ne le découvre qu\’à la toute fin. Et cette fois, les intentions de la planète lointaine paraissent inquiétant. 
Dans chacun des textes, lorsque l\’on pense avoir perdu Lanmeur de vue, c\’est avec une vraie finesse et une vraie richesse que l\’auteur nous rappelle son existence, tissant et imbriquant petit-à-petit chacun des fils qu\’il a laissés traîner au gré des textes. 


Le mot de la fin : Un coup de coeur pour ce premier tome ; à travers la découverte des civilisations humaines disséminées dans l\’espace, Christian Léourier nous fait découvrir son riche imaginaire, et parvient à maintes reprises à dépayser le lecteur. Pour le coup, un vrai voyage, une vraie découverte… et sûrement un retour, pour ma part, du côté de Lanmeur… tome 2 !
Un livre à découvrir et à dévorer.

Coup de coeur




Lecture dans le cadre du défi

Item :  16 – Lire le premier livre d\’une série SFFF que vous n\’avez jamais lue.

Publié dans Jeunesse, Planet opera, Science-fiction

EdeN en sursis – Jeanne-A-Debats

Résumé : Quelle surprise pour Cléone – capitaine, malgré ses quinze ans, du vaisseau Quetzal – de découvrir que la météorite qui a déchiré sa voile solaire est en fait une capsule de survie ! A l\’intérieur gît un beau jeune homme gravement blessé… Contre toute attente, l\’Intelligence Artificielle du Quetzal s\’oppose résolument au sauvetage et enjoint Cléone d\’abandonner l\’inconnu dans l\’espace. Car l\’IA a reconnu, gravé sur la capsule, le logo de la terrifiante multispatiale DeltaGen. Cléone s\’empresse de désobéir à cet ordre cruel. C\’est pour elle le début d\’une expédition pleine de dangers qui la mènera sur EdeN, planète récemment découverte dont l\’environnement est protégé de toute atteinte par son statut \ »écol\ », mais dont les ressources excitent l\’intérêt de la peu scrupuleuse DeltaGan…
Avis : Un livre croisé et pris un peu au hasard lors d\’un salon autour de la littérature jeunesse. Bon, pas complètement au hasard, puisque j\’avais adoré La balade de Trash, de la même auteure. Et puis, accessoirement, les thèmes ont titillé ma fibre écolo…

La Trame 

EdeN en sursis propose à son lecteur un excellent roman de science-fiction, où l\’aventure côtoie l\’enquête, la magie de la découverte d\’une planète, de sa faune et de sa flore. Le roman s\’ouvre dans l\’espace, où Cléone, l\’héroïne, est en chasse de trésor, et accessoirement de son brevet de pilote, qui lui permettra de prospecter dans des coins de l\’espace plus prodigues en matières rares. 
Là où certains livres de science-fiction ont parfois pu me barber avec la question des IA, des voyages intergalactiques et compagnie, Jeanne-A-Debats réussit à tisser un univers vraiment intéressant et que l\’on prend plaisir à découvrir. Cela dit, la majeure partie de l\’histoire se passe sur la fameuse planète, EdeN, et c\’est surtout cette partie qui m\’a le plus emballée : Cléone, embarquée dans une affaire plus que louche suite au sauvetage spatial d\’un jeune homme, et contrainte de se cacher sur la planète. 
L\’enquête et les révélations s\’enchaînent. Les divers personnages sont tous intéressants, qu\’ils soient antipathiques ou non, particulièrement Eara et Philippe, le jeune homme mystérieux, et le jeune homme à la fibre de naturaliste. Plus que tout, le vrai plaisir aura été pour moi de découvrir avec Cléone les merveilles d\’EdeN, ses hypogriffes, ses arbres-tempêtes. J\’ai également beaucoup aimé le traitement des personnalités Intelligences Artificielles, soumises aux êtres-humains, mais néanmoins considérées comme des êtres à part entière.
Les thèmes abordés sont, enfin, des thèmes qui m\’ont toujours touchées, que ce soit en littérature, en film ou autre : ceux de l\’écologie, des manipulations génétiques, du brevetage du vivant. La trame imaginée par l\’auteure est simple mais très bien menée, et de découverte en découverte, le lecteur tour à tour rit, se ronge les ongles, vibre de plaisir, voire verse sa petite larme (oui oui, ça m\’est arrivé).

Les personnages

Comme je le disais plus haut, qu\’ils soient désagréables ou non, tous les personnages sont travaillés, et l\’on prend plaisir à les découvrir. Cléone et son caractère de cochon. Eara, bon vivant et mystérieux. Philippe, apprenti naturaliste et passionné par la planète qu\’il étudie. Les différents membres de la famille Ashura, dont on se demandera jusqu\’au bout si les différents membres que l\’on croise sont acquis à la cause du groupe d\’adolescent ou non.


Le Style

Une vraie belle plume évocatrice, simple mais riche et ciselée, porte cette aventure. Plusieurs clins d\’oeil et traits d\’humour m\’ont bien des fois fait sourire malgré la gravité de certains passages. Quels que soient les sentiments que l\’auteure cherche à induire chez le lecteur, c\’est réussi : d\’un bout à l\’autre j\’ai été transportée, complètement happée et absorbée par l\’histoire.


Le mot de la fin

Un excellent ouvrage. Classé jeunesse, mais petits et grands y trouveront largement leur compte, à travers un texte intelligent, intéressant, dense mais accessible. Un vrai bon roman d\’aventure de science-fiction, à découvrir, sans aucun doute.
Coup de coeur




Lecture dans le cadre du défi

Item :  17 – Lire un livre SFFF dans lequel une IA ou un robot joue un rôle prépondérant.

Publié dans Planet opera, Science-fiction

Ivoire – Mike Resnick




Disponible en poche : oui

Nombre de pages : 480

Résumé : Il y a encore plus difficile que de retrouver une aiguille dans une botte de foin : retrouver les défenses de Malima Temboz, le grand Éléphant du Kilimandjaro, trophée légendaire dont on a perdu la trace depuis plus de trois mille ans dans le fourmillement des mondes unis. C\’est pourtant le défi que va relever Duncan Rojas, en cette année 6303 de l\’Ère Galactique, à la demande d\’un certain Bukoba Mandaka, qui se prétend le dernier des Masaïs. Sherlock Holmes d\’un nouveau genre, Rojas est l\’homme idéal pour retracer l\’épopée des fabuleuses défenses, d\’une planète, d\’un propriétaire ou d\’une époque à l\’autre. Mais est-il sûr d\’être à la hauteur des surprises que lui réservent l\’Afrique et ses sortilèges ?


Avis : Intriguée par le mélange promis dans le résumé, celui de légendes et croyances africaines et de science-fiction, me voilà lancée dans la lecture de Ivoire, de Mike Resnick. Mélange assez singulier, d\’autant plus que la culture africaine est vraiment très peu représentée dans les genres de l\’imaginaire, que ce soit en termes de contenus, ou en termes d\’auteurs. C\’est donc attirée par la nouveauté que je me suis lancée dans l\’aventure… et je n\’ai pas regretté. 


La trame

Agréable, originale et bien imaginée, la structure d\’ensemble de ce récit est vraiment plaisant. Dès le début, le lecteur est propulsé dans un tripot intergalactique, ou des parties de cartes aux mises astronomiques sont disputées entre des personnages issus de tous les horizons de la galaxie. L\’ambiance, à mi-chemin entre un Cinquième élément et une ambiance de cantina à la Star Wars embarque tout de suite le lecteur au côté des joueurs. 

Et ce n\’est que le début. En effet, le fil rouge, ce sont les défenses. Duncan Rojas, chargé de retrouver ces défenses pour le compte de Bukoba Mandaka, va tenter de retrouver, dans les archives, la trace de ces défenses, ainsi que de leurs propriétaires. Ainsi, le lecteur est plus souvent plongé dans ces fragments d\’archive, et, par interludes assez brefs, suit les avancées des recherches de Duncan. Un peu comme une succession de nouvelles toutes reliées par un même thème. 

Il n\’en résulte aucune difficulté à suivre l\’histoire, toujours passionnante. L\’auteur invente des contextes politiques et géographiques variés, permettant également de suivre l\’évolution de l\’humanité à travers les millénaires, depuis qu\’elle a quitté la Terre pour conquérir les étoiles. 

En somme, une construction de récit intéressante, très bien menée, originale.


Les personnages

En ce qui concerne les personnages, là encore, l\’auteur réussit un tour de force. Malgré le fait que l\’on n\’aperçoive Duncan et Bukoba seulement par intermittence, entre deux épisodes sur le changement de main des défenses, Mike Resnick construit malgré tout ses personnages de manière très intéressantes. Les personnes inventées pour les besoins d\’un fragment d\’archive sont rapidement présentés, mais toujours crédibles et emprunts d\’une vraie personnalité. Quant à Duncan et Bukoba, au fil de l\’avancée dans l\’histoire, ils passent du statut de personnage fade et sans passion pour le premier, et mystérieux et antipathique pour l\’autre, à celui de protagonistes auquel le lecteur va réellement s\’attacher, en découvrant leurs failles, leur fragilité et leur histoire. 


Le style

Quant au style, le tout est narré de fort jolie manière. On sent un style propre à l\’auteur et non pas une écriture simplement efficace, et c\’est aussi ce qui fait le charme du récit. 


Le mot de la fin…

A l\’issue de ce récit, je suis ressortie totalement enchantée. Récit qui finit sur la note d\’une fabuleuse légende, menée d\’un bout à l\’autre de main de maître. Récit qui laisse un sillage un brin mélancolique lorsque l\’on referme le livre. Un auteur et un titre à découvrir au plus vite. 


Excellent !