Publié dans Fantasy, Jeunesse

L’île du Crâne – Anthony Horowitz

De quoi ça parle ?

David Eliot vient d’être renvoyé du collège et cette fois ses parents ont décidé de sévir ! David se retrouve alors dans une école bien étrange, sur la sinistre île du Crâne, au large de l’Angleterre. Très vite, il soupçonne le pire, mais il est encore loin de la vérité…

Et c’est bien ?

En toute transparence, j’ai lu cet ouvrage en lien avec la fameuse polémique Harry Potter. Cela faisait des années qu’il attendait dans ma pile à lire ; une discussion avec des copains m’a finalement lancée dans la lecture.

Premier livre d’Anthony Horowitz en ce qui me concerne, et je n’ai pas été déçue du voyage. J’ai trouvé à ce texte le délicieux charme des livres d’horreur des années 90 : un pitch mystérieux et une fin « ouverte », qui ouvre des champs plutôt inquiétants. La qualité en plus (on va pas se mentir, j’aimais les Chair de Poule, mais c’était de l’écriture à la chaîne, et pour L’île du Crâne on n’est clairement pas dans cette optique).

Le ton est d’entrée donné, avec une narration assez trash axée sur l’humour noir. La famille de David n’est pas piquée des vers, et certains passages valent leur pesant de cacahouètes. Le décor est assez fun, une fois dans Groosham Grange, le lecteur navigue sur une toile de fond façon château hanté, l’ensemble mâtiné d’enquête, puisque David se pose de sérieuses questions tant sur ses professeurs que sur ses condisciples au comportement beaucoup trop sage.

Jeffrey et Jill, ses deux compagnons, sont plutôt bien campés. Ils ont clairement un petit côté cliché, mais leur développement en fait des compagnons intéressants. D’un bout à l’autre, je n’ai pas lâché l’ouvrage, et les éléments de résolution sont vraiment prenants et dans la ligne des romans à mystère.

Un roman jeunesse de très bonne facture donc, à ne pas hésiter à lire. Vous constaterez sûrement que je me suis attachée à ne pas faire de retour comparaison à Harry Potter. Je me dis que ça a dû être beaucoup fait et je pense que L’île du Crâne mérite une chronique pour lui-même. Sachez juste, si vous êtes curieux, que je trouve la polémique plutôt injustifiée, et que je reste disponible en commentaire ou part mail (cf menu de droite) si vous souhaitiez en discuter plus avant.

Note : 4.5 sur 5.
Publié dans Fantasy, Jeunesse, PLIB 2022, Policier

Les dossiers du Voile – Adrien Tomas

De quoi ça parle ?

Bienvenue dans le monde du Voile !

Lieutenant de police au sein de la Brigade de régulation des espèces méta-humaines de Paris, Tia Morcese a beaucoup de mal à faire respecter l’ordre et la sécurité… et surtout à éviter que druides, nécromanciens, loups-garous et autres espèces méta-humaines révèlent leur existence au reste du monde.

À côté de son impressionnante grande sœur, Mona pourrait presque passer pour une ado normale. Pourtant, l’apprentie sorcière est loin d’avoir les yeux dans sa poche ! Et quand elle tombe sur des informations clés qui pourraient faire avancer les affaires en cours de Tia, elle n’hésite pas une seconde à suivre ses propres pistes.

Mais le monde du Voile n’est pas sans danger…

Et c’est bien ?

Le récit propose une enquête, avec en toile de fond un Paris où vampires, trolls, fées, loups-garous et compagnie évoluent parmi les humains. Le Voile désigne le fait de garder secrète l’existence de la magie aux yeux du commun des mortels.

Le lecteur suit les tribulations de la famille Morcese, connue pour être une famille de sorciers et sorcières, celle de la Grande Enchanteresse de Paris. Sept mômes d’âges et de tempéraments variés, et une maman qui part voir ailleurs en début d’ouvrage, coucou la famille Malaussène. C’est assumé et il faut avouer que c’est assez rigolo et bien pensé.

Le style de l’auteur est très plaisant. Fluide et efficace, il déroule l’aventure et enchaîne les rebondissements. Les personnages sont plutôt attachants.

Pour le reste, je suis carrément restée sur ma faim. L’univers décrit m’a donné une impression de déjà vu, amateurs, amatrices du Paris des merveilles ou de A comme association, on est complètement dans le même genre de contexte, clins d’oeil culturels (un peu trop) présents compris.

Côté intrigue policière, un peu comme pour les assassins de Vaisseau d’Arcane, dur de lire que l’enquêtrice est une des meilleures quand les ficelles sont si grosses. J’ai bien senti dans cette lecture que l’histoire ne se prenait pas au sérieux, mais il m’a clairement manqué à manger, j’attendais un peu plus consistant.

Le tout est parsemé d’humour, un peu trop lourdement, et de messages auxquels j’adhère, certes – personnages féminins, casse des stéréotypes de genre ou de la violence qui résout tout – mais l’ensemble a un côté très appliqué ; j’avoue, j’aurais aimé davantage de subtilité. Néanmoins je trouve plutôt positif de trouver tout ça dans un bouquin destiné à la jeunesse à l’heure où je croise trop souvent à mon goût des modèles de jeunes filles maltraitées oklm parce que c’est leur amoureux, donc tout va bien.

Une aventure qui ne brille pas par son originalité, mais qui se laisse lire sans déplaisir.

Note : 2.5 sur 5.

Infos livre :
Editeur : Fleurus
Année d’édition : 2021
#ISBN9782215174424

Publié dans Fantasy, Jeunesse, PLIB 2022

D’or et d’oreillers – Flore Vesco

De quoi ça parle ?

C’est un lit vertigineux, sur lequel on a empilé une dizaine de matelas. Il trône au centre de la chambre qui accueille les prétendantes de lord Handerson. Le riche héritier a conçu un test pour choisir au mieux sa future épouse. Chaque candidate est invitée à passer une nuit à Blenkinsop Castle, seule, sans parent, ni chaperon, dans ce lit d’une hauteur invraisemblable. Pour l’heure, les prétendantes, toutes filles de bonne famille, ont été renvoyées chez elles au petit matin, sans aucune explication.

Et c’est bien ?

Je lis très peu de jeunesse, et d’ordinaire j’apprécie assez peu cela, mais il faut dire que cette autrice sait me prendre par les sentiments, et D’or et d’oreillers ne fait pas exception par rapport à ce que j’avais déjà lu d’elle.

A travers une réécriture des contes de fées, l’autrice propose ici un texte qui traite du rapport au corps, de l’éveil sexuel et de la place des femmes. C’est drôle et sans concession dans ce qui est dénoncé, souvent acide et bien sévère sur les écueils pointés. Le cliché du prince charmant et de la princesse en pâmoison en prennent pour leur grade, tout autant que la société qui vend les premières au premiers dans le but de faire affaire.

Les personnages sont très intéressants, de Fatima à Lord Handerson, en passant par son valet ou les différentes figures de mamans. Le décollage fantasy du dernier tiers du roman , avec une franche glissade du côté de l’horrifique est autant inventif que plaisant à découvrir. Nul doute, il y a dans D’or et d’oreillers, quelques traits qui m’ont rappelé des textes de Catherine Dufour.

Tout du long on est tenu par le mystère de l’épreuve et de ce que cache Lord Handerson, et l’autrice ne ménage pas les effets de suspens, dans lesquels j’ai marché à fond. Flore Vesco m’avait déjà conquise dans De cape et de mots par sa maîtrise de la langue, et c’est rebelote ici, avec un champ lexical magistral autour du corps, avec lequel l’écrivaine joue allègrement. Les clins d’oeil aux contes sont nombreux, bien sûr la principale référence reste La princesse au petit pois, mais d’autres contes sont évoqués à travers le texte.

Tous les ingrédients qui me font considérer un jeunesse comme étant de qualité sont réunis ici : récit ambitieux, consistant, intelligent, drôle, satyrique, porteur de messages sans instrumentaliser l’histoire, inventif sur le plan imaginaire comme celui de la plume, lisible sur plusieurs niveaux. Un texte maîtrisé de bout en bout, qui mérite le détour.

Note : 5 sur 5.

Infos livre
Année d’édition : 2020
Editeur : L’école des Loisirs
#ISBN9782211310239

Publié dans Fantastique, Jeunesse, PLIB 2022, Policier, Service de presse

Kaimyo, le nom des morts, tome 1 : Les papillons de Kobé – Bertrand Puard

De quoi ça parle ?

Selon une croyance japonaise, les âmes des défunts sans kaimyo errent parmi les vivants. Ce nom honorifique, Reiko n’a jamais pu l’offrir à ses parents, parce que les circonstances de leur disparition, il y a cinquante ans, n’ont jamais été élucidées. À défaut d’avoir pu leur donner un kaimyo, il a consacré sa vie à en donner aux personnes dont la mort est nimbée de mystère. Lorsqu’il débarque à Paris pour exercer son curieux métier, il rencontre Nouria, une adolescente qui prétend communiquer avec les esprits. Alors qu’il enquête sur le décès d’une vieille Japonaise, la jeune fille devine que cette affaire est liée à ce qui est arrivé aux parents de Rieko. Les chemins de celui qui fait parler les morts avec celle qui prétend les entendre se sont-ils vraiment croisés par hasard ?

Et c’est bien ?

Un lecture mitigée sur cet ouvrage, avec de bonnes idées, mais aussi des éléments qui m’ont un peu gênée. De prime abord, ce qui m’a séduite, c’est cette histoire de kaimyo. Je m’attendais à ce que l’on s’attarde davantage sur le métier de Rieko, malheureusement, cette part est assez anecdotique, voire quasi-inexistante, c’est l’enquête sur les parents du personnage principal qui passe devant. Certes, c’est mentionné dans le résumé, néanmoins, de par le côté original de ce métier, on aurait pu attendre que cet aspect soit un peu plus développé. J’en ai donc conçu une petite frustration.

L’enquête en elle-même et les personnages sont très sympathique. Nouria, la jeune fille de 14 ans au passé énigmatique, son irascible mais non moins accueillante grand-mère. Leur relation avec Rieko, à la fois bizarre et belle. Là encore cependant, il m’a manqué quelques petites choses : Nouria, même visiblement un peu en avance sur son âge, m’a paru avoir un comportement, des réflexions, des analyses en décalage avec son âge. Elle dispose d’un prisme de lecture des événements trop adulte, qui m’a paru avant tout dépendre du vécu d’une personne plus que d’une finesse de perception.

Autre élément frustrant : l’élément fantastique. Je ne le dévoile pas, mais cet élément survient de manière assez incongrue. On aurait pu penser que, puisqu’évoqué, il allait sûrement servir dans l’histoire. Il est finalement complètement passé sous silence. Et pour cause, je trouve que cet élément fantastique, lié à Nouria, sert, lorsqu’il survient, un peu de facilité narrative pour initier la suite, puis est évacué sous peine de finir en « ta gueule c’est magique ». C’est un peu dommage, car pour finir, on se retrouve surtout avec une histoire policière.

Enfin, dernier reproche, je ne trouve pas vraiment de justification logique au changement de point de vue qui s’opère en milieu de texte. Il me semble que conserver le point de vue de Rieko aurait pu permettre de préserver le côté fantastique, d’autant plus que j’ai trouvé cet autre point de vue peu avantageux pour la suite de l’histoire.

Cette histoire est agréable, écrite efficacement, réserve son lot de surprises et d’événements, un peu précipités mais agréables à suivre, cependant je crois aussi que cette lecture n’est pas du tout celle que j’attendais. Je ne peux cependant pas dire que j’ai passé un moment désagréable, disons plutôt qu’il aura été assez neutre en émotions et investissement par rapport à ce que j’attends d’une lecture qui m’embarque. A lire peut-être si vous souhaitez lire une enquête davantage qu’un roman fantastique.

Je remercie par ailleurs chaleureusement les éditions Gulf Stream de m’avoir permis cette lecture dans le cadre du PLIB 2022.

Infos livre :
Année de parution : 2021
Editeur : Gulf Stream
#ISBN9782354888947

Publié dans Jeunesse, Thriller, Young Adult

Hunting November, tome 2 – Adriana Mather

De quoi ça parle ?

Après avoir survécu à un séjour de plusieurs semaines à l’Académie Absconditi, le pensionnat ultra-élitiste le plus dangereux du monde, November n’a plus qu’une idée en tête : retrouver son père. Accompagnée du ténébreux Ash, elle se lance dans une poursuite périlleuse à travers l’Europe. La tâche s’annonce difficile, d’autant qu’elle ne dispose que de peu d’indices et que les ennemis s’accumulent… Au fil des révélations sur sa famille, November se retrouve malgré elle au cœur d’un jeu complexe d’alliances et de mensonges. Armée d’une volonté sans faille, la jeune femme fera tout pour atteindre son but, quitte à risquer sa vie. Mais une novice à peine entraînée peut-elle réellement défier des clans centenaires à la puissance insoupçonnée ?

Et c’est bien ?

Voici donc la suite des aventures de November (voir Killing November), que j’attendais avec impatience. Disons-le d’emblée, ce tome 2 est un cran en-dessous du tome précédent, pour plusieurs raisons, bien qu’il soit tout aussi prenant.

Pour rappel, à la fin du tome 1, November s’apprêtait à quitter l’Académie Absconditi, accompagnée de Ash, afin de retrouver son père. Dans un premier temps, l’Académie, son atmosphère de complot en huis-clos, me plaisaient bien. J’étais un peu réticente à les quitter, surtout en raison du fait que j’imaginais les petits complots plutôt crédibles dans cet endroit restreint, et que la façon dont ce serait déployé en situation extérieure me posait question quant à la crédibilité de l’ensemble. Et ça n’a pas loupé.

Le premier tome était intéressant pour son personnage féminin en décalage avec l’univers de tueurs qu’elle découvrait, la façon dont elle s’en sortait. La voici dans ce tome 2 plutôt dépendante des actions de son compagnon, qui certes est plus expérimenté qu’elle, mais qui plusieurs fois m’a posé question dans la manière dont il menait la barque. Autre point, la quête du père se transforme de manière très attendue, vu le contexte, en jeu de piste, et retrouver ces ados de 17 ans poursuivis par des tueurs m’a plusieurs fois laissée perplexe quant à la manière dont les événements se déroulaient.

La palette plutôt diverse de personnages du premier tome m’a également manqué. Adieu personnages ambigus, on se retrouve face à un méchant très méchant, au point qu’il en devient incohérent avec ce que l’autrice déploie autour de la Strategia, le tout accompagné d’une fin en apothéose que j’ai trouvée bâclée. Le côté instable des relations humaines du 1 a disparu, place aux gentils héros aux traits caractéristiques. Et on parsème en prime avec une histoire d’amour et des minaudages qui m’ont tiré la grimace – heureusement, l’autrice n’en abuse pas.

Côté positif, le jeu de piste se laisse très bien lire, le style d’Adriana Mather est toujours aussi bon et certains passages sont particulièrement bien mis en scène côté suspens et intensité de l’action. J’ai passé un très bon moment (oui je sais, j’ai fait rien qu’à critiquer, juste au-dessus 😛 ). Je regrette simplement que toute la subtilité et l’originalité du premier tome ne se soient pas retrouvés dans ce second opus, dans lequel j’ai croisé des caractéristiques du young adult dont je ne suis pas du tout friande. Une bonne lecture pleine d’aventure et de rebondissements donc, mais qui m’aura laissé l’impression que l’autrice a conclu cette histoire de manière un peu trop rapide.

Note : 3.5 sur 5.