Publié dans Fantastique, Jeunesse, Young Adult

Power Club, tome 1 : L\’apprentissage – Alain Gagnol

Anna Granville est une jeune fille de 17 ans, issue d\’une famille très riche et qui questionne peu son mode de vie. Ses parents lui offrent, pour son 17e anniversaire, une entrée au Power Club, le club des super-héros. Adulés par le monde entier, ces jeunes gens se sont vu greffer des \ »boosters\ » afin de leur permettre de développer invulnérabilité, force herculéenne et capacité à voler. Tout d\’abord critique sur leur propension à devenir des supports de publicité, Anna oublie ses récriminations quand ses parents lui annoncent la nouvelle. Mais elle va découvrir que le Power Club s\’est approprié par le pouvoir de l\’argent des passe-droit plus que dérangeants…
Une très bonne, une excellente surprise que cette lecture. Très frileuse avec la littérature adolescente et les clichés habituels d\’histoires de coeur et d\’inimitié, j\’ai vite constaté que Power Club ne tombait pas dans ces écueils. L\’héroïne, bien loin des portraits d\’ado très classiques comme on peut en croiser à la pelle dans les dystopies si plébiscitées, possède d\’emblée une patte, une tournure d\’esprit drôle, agile, fine qui nous la rend tout de suite attachante. Il en va de même pour sa copine Lisa, gaffeuse invétérée à l\’humour acide. Chaque personnage est façonné avec minutie et tous disposent d\’une réelle présence.

J\’ai longtemps craint que ce premier tome ne soit qu\’une longue introduction à la suite. Que nenni. Le lecteur ou la lectrice découvriront le fonctionnement du Power Club, ainsi que les grains de sables qui se sont glissés dans les rouages de leur renommée. L\’auteur sait distiller les différentes informations de manière subtile sans passer son temps à les expliquer. On sent qu\’un truc ne va pas, que quelque chose ne tourne pas rond, et on se demande quand l\’ensemble va se fissurer. 


Petit-à-petit, on glisse d\’une histoire de jeunes riches ravis d\’être hissés au rang de célébrités au problèmes posés par la détention de super-pouvoirs. Les questionnements sur le rapport aux autres lorsque l\’on est invulnérable est particulièrement intéressé, et plus d\’une fois Anna vacille sur ses certitudes. Plus intéressant encore, en échange d\’interventions musclées pour rétablir une situation de conflit (une prise d\’otages, un braquage, etc), les membres de Power Club disposent de \ »facilités\ » légales afin d\’effacer rapidement tout dommage collatéral. Se posent alors, bien évidemment, des problèmes éthiques, où l\’argent de leurs sponsors entre bien évidemment en jeu.

J\’ai énormément aimé la façon dont l\’auteur intègre les thèmes de la publicité, des médias et des lobbies d\’argent à l\’ensemble, pour nous proposer un final pas si loin du thriller, émaillé des finasseries juridiques entre l\’avocat d\’ Anna et la directrice du Power Club. Le tout au détriment de mes ongles, que je ne ronge pourtant plus depuis longtemps. 

Un excellent roman donc, pas si édulcoré qu\’on pourrait le croire ; écrit avec finesse et intelligence, sans temps mort, et avec des bouts de personnages très attachants dedans. Je conseille vivement. 
Excellent !
 
Publié dans Fantastique, Jeunesse

L\’étrange vie de Nobody Owens – Neil Gaiman

Résumé : Nobody Owens est un petit garçon parfaitement normal. Ou plutôt, il serait parfaitement normal s\’il n\’avait pas grandi dans un cimetière, élevé par un couple de fantômes, protégé par Silas, un être étrange ni vivant ni mort, et ami intime d\’une sorcière brulée vive autrefois. Mais quelqu\’un va attirer Nobody au-delà de l\’enceinte protectrice du cimetière : le meurtrier qui cherche à l\’éliminer depuis qu\’il est bébé. Si tu savais, Nobody, comme le monde des vivants est dangereux…

Résumé : Plongée dans le monde très burtonien de Neil Gaiman à travers les aventures de Nobody Owens. J\’ai retrouvé avec plaisir cette ambiance qui m\’avait beaucoup plus dans Neverwhere, un brin glaçante, où les personnages de conte de fée ont des crocs et vous font dresser les cheveux sur la tête.

J\’y ai également retrouvé cette narration simple et très \ »graphique\ » dans sa manière de mettre en scène les lieux, les personnages, les actions, mâtinée d\’humour parfois au vitriol ; une narration qui évoque avec succès l\’ambiance brumeuse et lugubre de l\’accueillant cimetière de Nobody. Côté imagination et clins d\’oeil, on est servi, l\’auteur se fait plaisir avec les épitaphes des tombes, les énergumènes que celles-ci abritent, des trésors et des méchants aux longs couteaux.

Vampires, vouivres, fantômes, goules, sorcières, tout est là pour un conte à la fois glaçant et chaleureux, à lire emmitouflé dans son pull avec une bonne tasse de thé à portée de main lors d\’une soirée de Toussaint.

Quant à l\’histoire en elle-même, on a là une fort sympathique aventure, celle de Nobody qui découvre les embûches du monde des morts… mais aussi celles du monde des vivants, accompagnées de leur lot de personnages truculents.

Je reste cependant légèrement sur ma faim en ce qui concerne le dénouement de l\’histoire, que j\’ai trouvé un peu trop facile. Les Jack étaient une trouvaille assez chouette, je regrette qu\’ils aient été si peu exploités tout au long de l\’histoire, de même que je regrette que l\’idée générale paraisse un peu brouillonne : au final, on ne sait pas bien qui ils sont, ni pourquoi ils font ce qu\’ils font… alors que toute l\’histoire repose sur les actes de l\’un d\’eux. L\’auteur avait sûrement une idée précise, mais la façon dont cela a été mis en scène m\’a paru confuse.

En soi donc, une aventure fort sympathique et particulièrement distrayante, qui tire surtout sa force de l\’atmosphère, de l\’ambiance que l\’auteur tisse autour du lecteur… Même si, dans le même esprit, je lui ai davantage préféré Neverwhere, que j\’ai trouvé plus abouti.

Se grignote au coin du feu…
Publié dans Fantasy, Jeunesse

La Trilogie de la Poussière, tome 1 : La Belle Sauvage – Philip Pullman

Résumé : À l\’auberge de la Truite, tenue par ses parents, Malcolm, onze ans, voit passer de nombreux visiteurs. Tous apportent leurs aventures et leur mystère dans ce lieu chaleureux. Certains sont étrangement intéressés par le bébé nommé Lyra et son dæmon Pantalaimon, gardés par les nonnes du prieuré tout proche. Qui est cette enfant ? Pourquoi est-elle ici ? Quels secrets, quelles menaces entourent son existence ? Pour la sauver, Malcolm et Alice, sa compagne d\’équipée, doivent s\’enfuir avec elle. Dans une nature déchaînée, le fragile trio embarque à bord de La Belle Sauvage, le bien le plus précieux de Malcolm. Tandis que despotisme totalitaire et liberté de penser s\’affrontent autour de la Poussière, une particule mystérieuse, deux jeunes héros malgré eux, liés par leur amour indéfectible pour la petite Lyra, vivent une aventure qui les changera pour toujours. 
Avis : Fan de la saga A la Croisée des mondes, découvert à la toute fin de mon cm2 – saga qui avait détrôné le petit sorcier Harry potter en terme de livre préféré – , la parution d\’une préquelle ne pouvait que me tenter. Un brin réticente cependant, car en terme de retours sur une saga à succès, je suis en général assez déçue. 
Il n\’en a rien été cependant. Le plaisir a été grand de retrouver l\’univers parallèle de Lyra, dans cette histoire encore un bébé. Renouer avec les daemons, la poussière, et surtout, le mystérieux objet qu\’est l\’aléthiomètre… miam. Les personnages sont aussi attachants que ceux de la saga d\’origine. J\’ai beaucoup aimé suivre le quotidien de Malcolm, fils d\’aubergistes, garçon serviable et débrouillard. J\’ai beaucoup aimé suivre l\’évolution de sa relation avec Alice, jeune femme plutôt rèche au premier abord… mais personnage qui s\’avère bien plus intéressant qu\’on ne le pense au fur-et-à-mesure de l\’avancée du roman. J\’y ai retrouvé un peu de cet aspect sauvage et indépendant qui m\’avait tant plu chez Lyra. 
On retrouve également un grand méchant emblématique suivi d\’un daemon effrayant. Tout comme Mme Coulter et son singe m\’avaient terrorisée, enfant, cet homme et sa hyène folle m\’ont particulièrement marquée. Tout comme Mme Coulter n\’est pas une antagoniste antipathique et gratuitement méchante, ce mystérieux homme fou et son daemon mutilés ont une part d\’humanité. On ne peut s\’empêcher de les détester autant que de les prendre en pitié. 
Enfin, l\’histoire en elle-même, par le style de narration et les éléments, emportent une fois de plus le lecteur dans un conte formidable, au gré des flots et à travers des aventures qui tiennent souvent du domaine du merveilleux. Les thèmes abordés sont traités finement (et pas du tout artificiellement) : intolérance, fanatisme, culture, ouverture… 
Autant d\’ingrédients qui ont fait que j\’ai retrouvé l\’état d\’esprit dans lequel j\’avais lu cette saga. Autant d\’ingrédients qui me font dire que cette préquelle vaut vraiment le coup, si vous souhaitez vous replonger dans cet univers. 
Le prochain tome devrait, à priori, mettre en scène une Lyra cette fois âgée de vingt ans, et narrer des événements après A la Croisée des mondes. Dans tous les cas, je serai sans faille au rendez-vous.
Coup de coeur

Publié dans Jeunesse, Planet opera, Science-fiction

EdeN en sursis – Jeanne-A-Debats

Résumé : Quelle surprise pour Cléone – capitaine, malgré ses quinze ans, du vaisseau Quetzal – de découvrir que la météorite qui a déchiré sa voile solaire est en fait une capsule de survie ! A l\’intérieur gît un beau jeune homme gravement blessé… Contre toute attente, l\’Intelligence Artificielle du Quetzal s\’oppose résolument au sauvetage et enjoint Cléone d\’abandonner l\’inconnu dans l\’espace. Car l\’IA a reconnu, gravé sur la capsule, le logo de la terrifiante multispatiale DeltaGen. Cléone s\’empresse de désobéir à cet ordre cruel. C\’est pour elle le début d\’une expédition pleine de dangers qui la mènera sur EdeN, planète récemment découverte dont l\’environnement est protégé de toute atteinte par son statut \ »écol\ », mais dont les ressources excitent l\’intérêt de la peu scrupuleuse DeltaGan…
Avis : Un livre croisé et pris un peu au hasard lors d\’un salon autour de la littérature jeunesse. Bon, pas complètement au hasard, puisque j\’avais adoré La balade de Trash, de la même auteure. Et puis, accessoirement, les thèmes ont titillé ma fibre écolo…

La Trame 

EdeN en sursis propose à son lecteur un excellent roman de science-fiction, où l\’aventure côtoie l\’enquête, la magie de la découverte d\’une planète, de sa faune et de sa flore. Le roman s\’ouvre dans l\’espace, où Cléone, l\’héroïne, est en chasse de trésor, et accessoirement de son brevet de pilote, qui lui permettra de prospecter dans des coins de l\’espace plus prodigues en matières rares. 
Là où certains livres de science-fiction ont parfois pu me barber avec la question des IA, des voyages intergalactiques et compagnie, Jeanne-A-Debats réussit à tisser un univers vraiment intéressant et que l\’on prend plaisir à découvrir. Cela dit, la majeure partie de l\’histoire se passe sur la fameuse planète, EdeN, et c\’est surtout cette partie qui m\’a le plus emballée : Cléone, embarquée dans une affaire plus que louche suite au sauvetage spatial d\’un jeune homme, et contrainte de se cacher sur la planète. 
L\’enquête et les révélations s\’enchaînent. Les divers personnages sont tous intéressants, qu\’ils soient antipathiques ou non, particulièrement Eara et Philippe, le jeune homme mystérieux, et le jeune homme à la fibre de naturaliste. Plus que tout, le vrai plaisir aura été pour moi de découvrir avec Cléone les merveilles d\’EdeN, ses hypogriffes, ses arbres-tempêtes. J\’ai également beaucoup aimé le traitement des personnalités Intelligences Artificielles, soumises aux êtres-humains, mais néanmoins considérées comme des êtres à part entière.
Les thèmes abordés sont, enfin, des thèmes qui m\’ont toujours touchées, que ce soit en littérature, en film ou autre : ceux de l\’écologie, des manipulations génétiques, du brevetage du vivant. La trame imaginée par l\’auteure est simple mais très bien menée, et de découverte en découverte, le lecteur tour à tour rit, se ronge les ongles, vibre de plaisir, voire verse sa petite larme (oui oui, ça m\’est arrivé).

Les personnages

Comme je le disais plus haut, qu\’ils soient désagréables ou non, tous les personnages sont travaillés, et l\’on prend plaisir à les découvrir. Cléone et son caractère de cochon. Eara, bon vivant et mystérieux. Philippe, apprenti naturaliste et passionné par la planète qu\’il étudie. Les différents membres de la famille Ashura, dont on se demandera jusqu\’au bout si les différents membres que l\’on croise sont acquis à la cause du groupe d\’adolescent ou non.


Le Style

Une vraie belle plume évocatrice, simple mais riche et ciselée, porte cette aventure. Plusieurs clins d\’oeil et traits d\’humour m\’ont bien des fois fait sourire malgré la gravité de certains passages. Quels que soient les sentiments que l\’auteure cherche à induire chez le lecteur, c\’est réussi : d\’un bout à l\’autre j\’ai été transportée, complètement happée et absorbée par l\’histoire.


Le mot de la fin

Un excellent ouvrage. Classé jeunesse, mais petits et grands y trouveront largement leur compte, à travers un texte intelligent, intéressant, dense mais accessible. Un vrai bon roman d\’aventure de science-fiction, à découvrir, sans aucun doute.
Coup de coeur




Lecture dans le cadre du défi

Item :  17 – Lire un livre SFFF dans lequel une IA ou un robot joue un rôle prépondérant.

Publié dans Fantasy, Jeunesse

Les âmes croisées – Pierre Bottero

Résumé : Nawel Helianthas vit à Jurilan, le royaume des douze cités. A dix-sept ans, elle est une jeune adolescente riche, prétentieuse et exigeante. Aspirante à l\’école de magie comme ses amis Philla et Ergaïl, elle doit choisir la caste correspondant à son rang social futur. Tout indique qu\’elle entrera, selon le désir de ses parents, chez les prestigieuses Robes Mages. Mais Nawel s\’intéerroge sur la voie qu\’elle doit suivre : après avoir involontairement provoqué la mort d\’une jeune femme et de son bébé, elle prend conscience de nombreux points qui lui posent question dans la vie bien organisée des Jurilans. Et peut-être bien que le choix qu\’elle effectuera à la fin de ses études ne sera pas celui que tout le monde attend…
Avis : Un livre qui m\’a longtemps fait envie. J\’ai lu un peu de Pierre Bottero, il y a longtemps. La quête d\’Ewilan, dont je ne garde que de vagues souvenirs, bien que pas désagréables. Les nombreux avis positifs que j\’ai pu lire sur Les âmes croisées m\’ont donné envie de me replonger dans un texte de cet auteur. 
La trame

La trame qui m\’avait donné envie m\’a intriguée au début. Une société organisée en castes, de la magie, des choses un peu mystérieuses, comme la caste des Armures, dont on ne sait, dans les premières pages, que très peu. Pourtant, et bien que le livre m\’ait réservé quelques passages intéressants, je n\’ai pu me départir d\’un sentiment de déception en tournant la dernière page. Non que le livre ait été mauvais, mais son déroulement m\’a plus d\’une fois désappointée. 
L\’histoire se passe très vite. Nawel apprend beaucoup de nouveaux éléments et change très vite, d\’état d\’esprit autant que physiquement. Le monde que développe l\’auteur est peut-être riche, mais on en perçoit très peu. Je crois que cela correspond en partie à ma déception : pas de grande finesse, on fait dans les grandes lignes et rapidement. Le monde est à peine esquissé ; on sent que l\’auteur veut en dire beaucoup… mais trop d\’un coup. Du coup, on a une foultitude d\’informations, mais survolées, et au final, ma représentation de Jurilan s\’est vite révélée floue, peu précise. Difficile de m\’en imprégner, difficile de m\’y investir. 
Les personnages

La aussi, désappointement. Les personnages sont un brin caricaturaux, et eux aussi trop rapidement esquissés pour m\’être attachée à eux. Le comportement de l\’héroïne est assez puéril. D\’ailleurs, j\’étais, tout le long du roman, persuadée qu\’elle et ses amis avaient 13-14 ans. Rapport aux relations avec ses parents, aux \ »crises\ » de colère qui faisaient très crises d\’adolescence. Jusqu\’à ce que j\’apprenne via la quatrième de couverture qu\’il avaient en réalité dix-sept ans… 
Ce décalage entre comportement et âge des protagonistes m\’a un peu perturbée. Rien ne colle vraiment, et j\’ai trouvé de ce côté-là quelque manque de crédibilité.
Le style

Encore désappointement. Pourtant j\’ai essayé ; comme je le disais au début, je croyais beaucoup dans cette lecture. Mais je n\’ai jamais réellement réussi à rentrer dedans. Pierre Bottero narre son histoire dans un style saccadé. Trop saccadé. C\’est dérangeant. Parfois lassant. Comme là. Comme je suis en train de le faire. A presque toutes les pages. 
Bref, vous l\’aurez compris, cette façon de faire avancer l\’histoire m\’a vite fatiguée. Ce genre de narration peut être intéressant pour faire claquer quelques phrases au moment opportun. Mais répété sans arrêt, la lecture en est parfois devenue presque désagréable. 
Certains passages frôlent le pathos : l\’auteur en fait dix fois trop avec l\’histoire de la jeune mère, des vilains parents et compagnie. Le tout sur fond de réflexions pas très fines sur le sens de la vie, les choix de chacun. J\’ai eu beaucoup de mal.
Le mot de la fin…

En somme, vous l\’aurez compris, j\’attendais beaucoup de ce livre, et j\’en suis ressortie un peu dubitative. Les idées de départ étaient très sympa, je n\’en disconviens pas. Mais je n\’ai pu, de toute ma lecture, laisser de côté ce sentiment d\’incrédibilité et d\’incohérence. Même si, en somme, la troisième et dernière (petite) partie rattrape (un peu) l\’ensemble, non, décidément, Les âmes croisées ne m\’a pas vraiment inspirée.

Bof…