Publié dans Science-fiction

Le goût de l’immortalité – Catherine Dufour

De quoi ça parle ?

Mandchourie, en l’an 2213 : la ville de Ha Rebin dresse des tours de huit kilomètres de haut dans un ciel jaune de pollution. Dans les caves grouille la multitude des damnés de la société, les suburbains. Une maladie qu’on croyait éradiquée réapparaît. Cmatic est chargé par une transnationale d’enquêter sur trois cas. Une adolescente étrange le conduira à travers l’enfer d’un monde déliquescent, vers ce qui pourrait être un rêve d’immortalité. Mais vaut-il la peine d’être immortel sur une Terre en perdition ?

Et c’est bien ?

Vingt ans après ma première lecture, l’envie de replonger dans cet ouvrage, dont je gardais un excellent souvenir, m’a prise. L’occasion de me relancer dans l’aventure s’est présentée avec une amie qui voulait découvrir l’ouvrage. Comme la première fois, j’ai un peu ramé sur le premier chapitre, mais mieux engrangé les informations. Malgré les bribes qui me restaient de la première lecture, celles-ci m’ont quand même pas mal aidé à entrer dans un texte dense et qui se mérite, mais qui mérite quand même le détour.

Le goût de l’immortalité, c’est d’abord, pour moi, la plume de Catherine Dufour. C’est maîtrisé, c’est beau, et c’est très souvent acerbe et cynique. Les mots tombent et ça tranche dans le vif, sans concession. Tout le monde en prend pour son grade – le capitalisme, l’Occidental moyen, l’industrie pharmaceutique, les politiques, les médias… Et à chaque fois avec une justesse du verbe particulièrement jubilatoire.

L’univers dépeint est sombre. Une première partie, qui fait quasiment huis-clos, se concentre sur l’héroïne et son histoire, on découvre un monde replié sur lui-même, où chacun surnage comme il peut, technologies et fractures sociales à l’appui. Une seconde partie nous emmène dans les tréfonds de la suburb, sous-sol aménagé où les laissés pour compte se sont réfugiés pour échapper à la maladie et à la pollution. Les deux parties sont complètement différentes, d’atmosphère comme de narration, et pourtant chacune est étroitement imbriquée.

L’autrice nous balade, c’est le cas de le dire. Dans ce texte qui prend la forme d’une longue lettre, les circonvolutions sont nombreuses. On sent des secrets et des mystères, on tourne autour et on nous fait mariner – avec art – avant de lâcher le morceau. L’intrigue paraît aussi s’éparpiller : que vient-on faire en Polynésie ? Et dans la suburb ? Et pourquoi nous parle-t-on de vaudou ? Quel rapport avec notre gamine malade du début ? La patience est le maître mot de cette lecture et les réponses viennent comme des récompenses.

Enquête, thriller, roman d’anticipation, post-apocalyptique, dystopie… dans cette histoire protéiforme, j’ai eu à nouveau grand plaisir à savourer l’écriture comme les différentes découvertes. La conclusion tombe comme un couperet, et renvoie tout le monde dos-à-dos sur fond de rouages sociétaux rouillés et dysfonctionnant plein tube. Mis à part de tout petits bémols (un passage confus), une replongée dans un roman qui reste parmi les meilleurs que j’ai lus, et sûrement mon préféré de l’autrice.

Note : 5 sur 5.

4 commentaires sur « Le goût de l’immortalité – Catherine Dufour »

  1. j’avoue que je l’ai abandonné assez lâchement. Je n’y comprenais rien, je n’ai pas saisi où on allait, qui faisait quoi et pourquoi, ce qui se racontait, pourquoi, dans quel but, bref, un mur que je n’ai pas réussi à franchir 😦
    C’était mon premier texte de l’autrice, j’espère qu’ils ne sont pas tous comme ça…

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    1. C’est vrai que le début est très très dense ^^ Dommage, mais je comprends complètement, ma binôme de relecture avait aussi galéré ^^ C’est vraiment un texte où il faut accepter de ne pas tout piger avant… avant la fin – pour le coup l’autrice relie tous les fils alors qu’on avait auparavant l’impression que tout était décousu ^^ Et non je te rassure, ils ne sont pas tous comme ça, ses autres textes sont beaucoup plus simples d’entrée en matière ^^

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