
De quoi ça parle ?
Entrez, entrez.
[…]
Je vais vous raconter une histoire.
Celle de notre île d’Oestant où dorment trois géants : Baile, aux rêves de mort et de musique, Leborcham, mère du brouillard, des collines et des plaines, et enfin le puissant Fraech aux songes de gloire et de batailles.
Je vais vous parler de guerres, d’amour et de trahisons?; de cris, de sang et de larmes.
Je vais vous parler de grands espoirs, de ce qui est vain. De ce qui meurt.
Alors, fermez les yeux.
Laissez-vous aller.
Voilà.
Mon histoire commence sur la lande, en bord de mer, dans le château de l’étrange roi Lothar.

Et c’est bien ?
Depuis le temps que je souhaitais découvrir David Bry, la présence du Chant des géants parmi les cinq finalistes du PLIB a été pour moi l’occasion de jeter enfin un oeil à un texte de l’auteur. Je suis partie sur un a priori plutôt positif : les inspirations nordiques et le parti pris d’une narration à la manière d’un barde, d’un conte oralisé dont le lecteur serait l’auditeur direct me plaisait assez. Malheureusement, quelques petits bémols sont venus émailler ma lecture, que je n’ai pas terminée aussi enthousiaste que je l’aurais souhaité.
L’auteur a des talents de conteur, c’est indéniable. L’arrière-fond un peu nordique est très plaisant, les noms pas mal inspirés du haut moyen-âge m’ont forcément parlé. Les personnages sont plutôt attachants et c’est, je crois, ce qui a fait que je n’ai pas lâché ma lecture en cours de route malgré les points qui m’ont chiffonnée : je voulais savoir ce qu’il leur arriverait.
Un de mes premiers reculs est sûrement dû au temps du récit. Je n’y peux rien, j’y arrive de moins en moins avec les narrations au présent. Je trouve souvent cela peu justifié et mal maîtrisé, et en général c’est un élément qui me hérisse dès les premières lignes. Pour moi c’est une pratique facile, qui force l’immersion émotionnelle du lecteur plutôt que de le laisser se couler dans l’univers proposé.
Ceci dit, dans ce cas précis du Chant des géants, je dois concéder que le procédé se marie plutôt bien avec l’idée de récit direct. Il n’empêche que je trouve que le présent donne souvent une tonalité qui ne me plaît pas quand je lis ces textes, ici cela accentue l’effet dramatique du récit. A l’instar de Meute de Karine Rennberg, il y a un côté un peu pathos qui en ressort, qui me devient rapidement insupportable. Le style haché ne m’a pas aidée à surmonter ce premier blocage.
Deuxième point principal qui m’a embêtée : la façon dont la tragédie est mise en scène. J’ai trouvé les motivations des personnages très artificielles, certaines scènes assez cliché, notamment l’histoire d’amour et la façon dont elle est présente à travers des phrases répétées ; ces éléments ont fait perdre leur crédibilité aux personnages et aux enjeux. Je l’ai dit en début de chronique, le côté drama, j’ai du mal. Je crois à la réflexion que là où la tragédie donne une place énorme aux sentiments – des personnages et du lecteur – , il m’a manqué, ici, une part de réflexion humaine, un équilibre entre ces deux éléments.
Une déception donc, d’autant plus dommage que j’étais très emballée sur la première moitié du récit, puis tout s’est délité au gré de la deuxième. J’essaierai sûrement d’autres bouquin de l’auteur par contre, parce que je reste curieuse.

#PLIB2023
#PLIB2023A
#ISBN9782918541752







