Publié dans Coups de coeur, PLIB 2023, Science-fiction

Lazaret 44 – Julien Heylbroeck #PLIB2023

De quoi ça parle ?

Sur une planète lointaine et hostile s’est écrasée une créature titanesque.

Dans cette carcasse putréfiée, l’humanité a érigé Karkasstad, une cité industrielle où, au péril de leur vie, les ouvriers arrachent à la dépouille les substances organiques nécessaires à l’Alchimie dont les formules savantes ont supplanté la science.

Au centre de cette métropole moribonde, entre les fumerolles méphitiques et les grondements prolétaires, Knaagdier, à la fois détective et médecin de la peste, enquête sur une étrange maladie qui ronge la chair des habitants de cette cité-tombeau.

Et c’est bien ?

Sacré ovni littéraire que Lazaret 44. Je le confesse, le pitch un peu crassou m’a carrément bottée, et c’est avec une joie de gamine que j’ai plongé dans les tripes de la cité faisandée.

Premier point très positif : l’auteur parvient rapidement à exposer un univers riche et complexe sans s’étaler sur les trois quarts de son livre. Les romans « encyclopédiques » sur leur univers me sortent par les yeux, et Lazaret se tire à merveille de cet écueil, malgré pas moins de six points de vue différents. Il faut certes le temps de se mettre dans le bain – et passer outre, c’est là sûrement le seul reproche que je fais au texte et je souhaite de tout coeur que cela ne lui porte pas préjudice, les très nombreuses coquilles – , mais une fois que l’on a intégré qui est qui, c’est avec plaisir et même une certaine impatience que j’attendais de découvrir le chapitre suivant dédié à chacun.

L’univers a été jubilatoire à découvrir – l’auteur imagine une cité humaine bâtie au fil des siècles pour l’exploitation des matières premières offertes par la carcasse. C’est un véritable écosystème que l’auteur déploie, dont les humains font partie intégrante au même titre que les charognards et insectes qui grouillent dans les entrailles de la dépouille. C’est cet environnement atypique en plus de l’idée de suivre un médecin chargé de trouver remède à une peste locale qui m’a attirée – et plu. Au-delà de la cité, on entraperçoit ce qu’est devenue l’humanité, les cultes et la politique qui se sont développés. L’auteur ne détaille pas tout mais donne suffisamment à manger sur ces sujets pour que l’on ne soit pas frustré.

Chacun des points de vue met en scène des personnages d’horizons variés – une ouvrière, un malade de la fameuse peste, des politiques, un médecin, une navigatrice… Les thèmes qui émaillent le récit sont brillamment mis en scène et j’ai apprécié la manière dont l’auteur les traite. Conditions de travail, grèves, luttes sociales, partage des richesses, traitement des laissés pour compte… les sujets-miroirs à notre propre société ne manquent pas.

De par son contexte, le texte offre une ambiance assez glauque. On n’est pas franchement dans de l’horreur (et ce n’est pas le but), mais on demeure dans le peu ragoûtant, j’ai eu la sensation, pour mon plus grand plaisir, d’un texte dans l’esprit « série B ». On sent également que l’auteur est rôliste, certaines manières d’introduire des éléments m’ont tout de suite fait tilt. C’est généralement quelque chose qui me rend réticente car j’apprécie généralement peu la façon dont l’univers est posé, néanmoins je trouve que Julien Heylbroeck a su mettre en scène l’environnement de ses personnages de manière fine et passionnante, sans avoir l’impression d’en déceler toutes les ficelles narratives.

Jusqu’au bout j’ai suivi les péripéties de chacun des protagonistes, avec même une certaine frénésie dans le dernier tiers. Lazaret 44 offre un univers atypique, des personnages attachants et des thèmes de fond intelligents… tout pour que ce soit un coup de coeur, et souhaiter pouvoir replonger dans cet univers si l’auteur nous y invite à nouveau.

Note : 5 sur 5.

#PLIB2023
#PLIB2023A
#ISBN9782361837808

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