Publié dans Coups de coeur, Science-fiction

Apprendre, si par bonheur – Becky Chambers

De quoi ça parle ?

Quatre personnes, quatre planètes : un groupe d’astronautes part en mission pour explorer des planètes susceptibles d’abriter la vie.

Hommes et femmes, trans, asexuels, fragiles, déterminés, ouverts et humains, ils représentent la Terre dans sa complexité.

Au fil des ans et des atterrissages, ils découvrent des animaux étranges, de « simples » bactéries, et les dilemmes éthiques de l’explorateur bienveillant mais forcément intrusif.

Observer, c’est influencer. Exister, c’est agir.

Il faut savoir jusqu’où aller trop loin ; pour rencontrer l’Autre, il faut le mettre en danger.

Et c’est bien ?

Tout ce que j’aime chez Becky Chambers est à nouveau au rendez-vous dans Apprendre, si par bonheur. Les personnages, dans un premiers temps. L’autrice parvient tout à la fois à les dépeindre dans leur banalité humaine, tout autant qu’à faire ressortir leur beauté individuelle, dans leurs imperfections et leur faiblesse mais aussi dans leur capacité d’adaptation, d’observation. Ici, pas de héros, pas de pouvoirs, juste des êtres humains mis en scène dans l’immensité de l’univers qui les entoure.

Comme dans ses précédents ouvrages, j’ai été impressionnée par la qualité de style de Becky Chambers, à la fois belle et simple, capable de mobiliser des connaissances scientifiques pointues et de les mettre à la portée du lecteur. C’est simple, concis, très bien expliqué, et finement exploité pour mettre en valeur tous les enjeux éthiques d’exploration qui se présentent aux quatre chercheurs.

L’imagination de l’autrice est également particulièrement remarquable en ce qu’elle tente, paradoxalement, d’évoquer des formes de vie que l’être-humain ne pourrait concevoir, prisonnier qu’il est de ses propres connaissances et de son contexte. Les quatre planètes visitées et ce que les protagonistes y découvrent sont passionnants ; encore une fois non pour leur côté spectaculaire, mais bien parce que l’autrice de ces mots sait à merveille rendre beau et émouvant le simple fait de découvrir.

C’est bien là, d’ailleurs, que se trouve le coeur du récit : découvrir. Prendre plaisir à construire des savoir. Si je devais résumer ce texte, je dirais qu’il met brillamment en scène la citation de François Rabelais Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. Le déploiement des explorations est extraordinaire, mais les trois dernières pages, elles, m’ont littéralement soufflée. Y sont concentrées toute la délicatesse et la finesse de plume de Becky Chambers.

Amour du savoir, conscience aiguë de la petitesse et de l’impact de nos actes… ce texte tient pour moi littéralement du chef-d’oeuvre. Les thèmes qu’il traite vont bien au-delà de la simple science-fiction ; ce texte pourrait, je pense, venir allègrement rafraîchir l’éternel panel Orwell, Bradbury, Huxley et consorts étudiés en classe. Un texte à lire sans modération, et une autrice à découvrir absolument si vous ne l’avez pas encore lue.

Note : 5 sur 5.

2 commentaires sur « Apprendre, si par bonheur – Becky Chambers »

  1. J’aime beaucoup ta chronique ! J’y retrouve tout ce que j’avais aimé pendant ma lecture, notamment cette capacité à rester simple même sur des choses très scientifiques; j’ai adoré aussi cette faculté d’imagination d’une autre vie. J’aime bcp la citation que tu mets en exergue de Rabelais, c’est tout à fait ça. C’est un très beau roman, il faut que je lise d’autres textes de cette autrice !

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