Publié dans Fantasy, Jeunesse, PLIB 2022

D’or et d’oreillers – Flore Vesco

De quoi ça parle ?

C’est un lit vertigineux, sur lequel on a empilé une dizaine de matelas. Il trône au centre de la chambre qui accueille les prétendantes de lord Handerson. Le riche héritier a conçu un test pour choisir au mieux sa future épouse. Chaque candidate est invitée à passer une nuit à Blenkinsop Castle, seule, sans parent, ni chaperon, dans ce lit d’une hauteur invraisemblable. Pour l’heure, les prétendantes, toutes filles de bonne famille, ont été renvoyées chez elles au petit matin, sans aucune explication.

Et c’est bien ?

Je lis très peu de jeunesse, et d’ordinaire j’apprécie assez peu cela, mais il faut dire que cette autrice sait me prendre par les sentiments, et D’or et d’oreillers ne fait pas exception par rapport à ce que j’avais déjà lu d’elle.

A travers une réécriture des contes de fées, l’autrice propose ici un texte qui traite du rapport au corps, de l’éveil sexuel et de la place des femmes. C’est drôle et sans concession dans ce qui est dénoncé, souvent acide et bien sévère sur les écueils pointés. Le cliché du prince charmant et de la princesse en pâmoison en prennent pour leur grade, tout autant que la société qui vend les premières au premiers dans le but de faire affaire.

Les personnages sont très intéressants, de Fatima à Lord Handerson, en passant par son valet ou les différentes figures de mamans. Le décollage fantasy du dernier tiers du roman , avec une franche glissade du côté de l’horrifique est autant inventif que plaisant à découvrir. Nul doute, il y a dans D’or et d’oreillers, quelques traits qui m’ont rappelé des textes de Catherine Dufour.

Tout du long on est tenu par le mystère de l’épreuve et de ce que cache Lord Handerson, et l’autrice ne ménage pas les effets de suspens, dans lesquels j’ai marché à fond. Flore Vesco m’avait déjà conquise dans De cape et de mots par sa maîtrise de la langue, et c’est rebelote ici, avec un champ lexical magistral autour du corps, avec lequel l’écrivaine joue allègrement. Les clins d’oeil aux contes sont nombreux, bien sûr la principale référence reste La princesse au petit pois, mais d’autres contes sont évoqués à travers le texte.

Tous les ingrédients qui me font considérer un jeunesse comme étant de qualité sont réunis ici : récit ambitieux, consistant, intelligent, drôle, satyrique, porteur de messages sans instrumentaliser l’histoire, inventif sur le plan imaginaire comme celui de la plume, lisible sur plusieurs niveaux. Un texte maîtrisé de bout en bout, qui mérite le détour.

Note : 5 sur 5.

Infos livre
Année d’édition : 2020
Editeur : L’école des Loisirs
#ISBN9782211310239

Publié dans Fantasy

Le Bâtard de Kosigan, tome 4 : Le testament d’involution – Fabien Cerutti

De quoi ça parle ?

Et si l’origine du plus grand lac de la région de Cologne avait un rapport avec une prophétie réalisée en 1341 ? Et si cette même année, le chevalier de Kosigan avait réveillé des forces qui le dépassent ? Et si le destin de sa postérité se jouait cinq siècles plus tard dans la cave voûtée d’un bistrot parisien ? Et si les secrets révélés dans ce livre étaient dangereux ? Et qu’en les découvrant, vous deveniez complice…

Et c’est bien ?

Annonçons-le d’emblée, une fin que j’ai trouvé un peu en eau de boudin et qui renoue avec certains défauts qui m’avaient agacée dans le tome 1. J’ai regretté qu’on perde un peu – même carrément – de vue la quête de sa mère par le Bâtard. L’auteur multiplie les fils narratifs et j’ai trouvé ce tome un peu trop chargé. Tellement de choses sont abordées que j’ai parfois eu le sentiment que la narration ne savait plus, par moment, où donner de la tête pour les explications.

Le vilain inquisiteur, Las Casas, se révèle particulièrement retors et pervers. Comme souvent avec ce genre de méchant, ça passe mal avec moi, le genre de gros vilain qui a toutes les tares possibles. Un peu comme la scène BDSM du tome 1, j’ai trouvé que la lettre à sa mère pour se plaindre de ses vices était de trop.

Le fil du 19e lui, démarrait super bien avec un côté espionnage. Le personnage d’Elisabeth, ex-fiancée de Kergaël, l’héritier de Kosigan, est vraiment sympa, il y a un vrai suspens et j’ai eu grand plaisir à la suivre. Néanmoins, passé un certain événement, j’ai trouvé que le texte devenait bourbeux et peu plaisant à lire. D’ailleurs côté Bâtard c’est un peu pareil : ça s’enlise. Le côté un peu léger et casse-cou de ses aventures précédentes est perdu dans un amas de trucs énormes, et le tome se clôt un peu précipitamment à mes yeux.

D’ailleurs de clôtures, l’auteur m’avait habituée à mieux. Les tartines explicatives de fin m’ont vraiment fait suer – surtout que , côté révélation je n’ai pas trouvé ça folichon, et j’ai trouvé même LA révélation qui lie Kergaël au Bâtard, carrément facile et décevante.

ATTENTION RISQUE DE SPOIL SUR CE PARAGRAPHE Enfin, le dénouement ésotérique est parti en jus de boudin lui aussi, et je dois en prime ajouter que j’ai très moyennement apprécié l’énooooorme clin d’oeil de l’auteur à lui-même. Oui, c’était bien trouvé, mais j’ai trouvé ça carrément de trop et pas très bienvenu. FIN DU RISQUE DE SPOIL

Ce dernier tome m’a paru également renouer avec les ficelles de jeu de rôle que j’avais trouvées trop présentes dans le tome 1 : un livre à cheval entre le roman ou le JD, qui ne sait pas trop ou donner entre pieds de nez et trucs farfelus et récit qui réussit quand même à devenir trop sérieux (oui, j’avoue, moi et les histoires de complots c’est souvent difficile). Bon par contre y a un truc sur lequel je ne peux passer, parce que ça c’est beau ; mais j’ai cru voir un clin d’oeil à Zelazny, voire à Ambre, et le nom de l’auteur apparaît. Et ça c’est beau 😀

Qu’on ne s’y méprenne pas cependant, malgré cet avis avec pas mal de négatif, comme pour le tome 1, l’aventure est plaisante à suivre, mais franchement il me semble que l’auteur aurait dû au moins faire un cinquième tome. Je trouve me suis perdue dans toutes les révélations que l’auteur gardait pour la fin et j’ai finalement eu le sentiment d’avoir un gros mâchouillis qui aurait pu être plus digeste et permettre de traiter de manière plus intéressante ou d’oublier moins de fils ou personnages en cours de route. Une fin en demie teinte donc, j’espère que le cycle suivant – que je lirai fort certainement – sera plus équilibré.

Surtout, surtout, je tiens à remercier mes deux copinautes Chlococo et Honey-Dream, qui m’ont accompagnée dans cette lecture tout au long des 4 tomes et avec qui j’ai eu très grand plaisir à découvrir et discuter des aventures du Bâtard 🙂

Note : 3.5 sur 5.
Publié dans Fantasy, Nouvelles, Revue AOC, Science-fiction

AOC n°47 – Collectif

Illustration par Sandara

Un recueil pris un peu au hasard parmi les multiples anciens numéros proposés sur le stand du Club des Présences d’Esprit lors des Utopiales 2019, je me suis enfin plongée dans sa lecture, au programme, trois nouvelles, une de fantasy et deux de science-fiction, et à la fin les trois textes vainqueurs du match des Imaginales 2017.

  • Fleur de Jade et le Chasseur-Fantôme d’Amria Jeanneret

Fleur de Jade est une jeune sorcière alliant la plus pure tradition japonaise et la modernité propre à son époque. Elle et sa servante Hanako reçoivent la visite du Chasseur-Fantôme, l’émissaire du dieu Vent, qui la charge de la réalisation d’un sort de haut niveau. C’est un grand honneur fait à la jeune sorcière, mais se cacherait-il derrière un autre dessein ?

Une nouvelle qui m’a beaucoup plu. Je me suis crispée un instant quant au devenir de l’héroïne, mais finalement, les choix narratifs de l’autrice sont intéressants et participent au charme de la nouvelle. L’atmosphère liée à l’imaginaire japonais est intéressant, et la magie graphique mise en scène est bien trouvée. La résolution finale est très sympa, l’autrice relie habilement tous les fils qu’elle a tirés. Un texte rafraîchissant.

  • Je… je suis le sable d’Elric Elbaze

Un an plus tôt, la mère du jeune Boubi amène celui-ci au Docteur Chauvin. Le garçon semble perdu dans son monde, mais possède des facultés qui fascinent le docteur. Aujourd’hui l’homme de science a été réquisitionné dans le plus grand secret par les autorités militaires pour s’occuper du jeune garçon. En effet, les dessins de celui-ci sont étrangement prémonitoires et, tout pousse à croire qu’il est au courant de l’imminence d’une invasion extraterrestre…

Coup de coeur pour cette nouvelle dans laquelle j’ai eu un peu de mal à entrer. La mécanique sur laquelle repose le texte de l’auteur est super, j’ai trouvé ça très bien pensé, et les perspectives offertes très alléchantes. Le bouclage de la boucle est également super. C’est presque le genre de texte autour duquel un développement plus long me plairait beaucoup.

  • Speed Club de le Barde dans la machine

Le Speed Club, c’est un repaire de drogués, de junkies, tous amoureux fous de vitesse, perdu au milieu de nulle part. Un lieu où l’amitié et l’honneur n’ont pas de sens pour grand-monde, mais ils en ont pour moi. Et quand mon meilleur pote cane en pleine course sur un coup en traître, faut pas s’attendre à ce que je laisse passer sans rien dire.

Très bon texte que celui-ci, pas tant dans l’histoire que dans le ton employé. Bien que n’ayant jamais vu Mad Max, j’y ai forcément pensé. Le côté très post-apo-trash avec un côté western du futur assez marqué. Le côté « déglingos » de l’univers, des personnages, et le parler de ces derniers participent vraiment de l’attrait du texte, bien punchy. Très bonne lecture là encore.

Publié dans Fantasy, Jeunesse, Young Adult

De sang et de rage – Tomi Adeyemi

De quoi ça parle ?

Il fut un temps où la terre d’Orïsha était baignée de magie. Mais une nuit, tout a basculé, le roi l’a faite disparaître et a asservi le peuple des majis. Zélie Adebola n’était alors qu’une enfant. Aujourd’hui, elle a le moyen de ramener la magie et rendre la liberté à son peuple ; même si face à elle se dresse le prince héritier du trône, prêt à tout pour la traquer.

Et c’est bien ?

Un de ces livres que je prenais au pif faute d’inspiration dans une grande enseigne d’achats d’ouvrages trimestriel. Un contexte de fantasy atypique, une énième tentative de faire un pas en direction du young adult, genre avec lequel j’ai du mal pour plein de raisons. Et c’est parti pour une aventure en Orishä, contrée imaginée, calquée sur les cultures et mythes africains que l’autrice y a insufflés. Toni Adeyemi s’est inspirée de la culture yoruba, dont ses parents sont issus.

Vous l’aurez compris, le contexte est dépaysant et change de la fantasy occidentale que l’on a l’habitude de lire, au moins par les inspirations qui ont servi à l’autrice. J’ai également beaucoup apprécié sa démarche, qu’elle détaille en fin d’ouvrage, celle d’une révolte contre l’injustice, et la volonté de proposer une Hermione Granger noire.

L’histoire débute de manière très prenante et intéressante : une héroïne, qui en a à remontrer à son entourage. Un univers intéressant, fait d’une magie enfuie et proscrite par un pouvoir tyrannique ; une magie qui tire sa force des dieux. Une magie différente pour chaque dieu, et des fidèles qui sont liés à l’un ou l’autre d’entre eux. On apprend rapidement que Zélie est affiliée à la déesse de la mort et qu’elle a vécu violemment la destruction de sa famille par le pouvoir en place. Faisant partie du pan de population maltraité par le roi et ses gardes du fait de son appartenance aux aspirants majis, Zélie se retrouve malgré elle en possession qui pourrait permettre le retour de la magie disparue.

Quelques facilités en ce début d’ouvrage, mais l’autrice tisse de manière consciencieuse son univers, et cela reste plaisant. Malgré tout, vous l’aurez compris en lisant ces quelques lignes, quelques indices peuvent laisser présager de schémas assez convenus, et ça ne manque pas, on glisse peu à peu vers une quête finalement assez banale, avec passages véritablement intéressants, dans lesquels Tomi Adeyemi développe un peu plus l’univers qu’elle imagine, et d’autres où je me suis ennuyée ferme.

Le principal reproche que j’aurais à faire à l’ouvrage concerne la construction de la narration. La multiplicité des points de vue est devenu quelques chose de banal, et c’est intéressant quand les points de vue sont choisis judicieusement. Ici, l’autrice commence par en développer deux, celui de Zélie et celui d’Amari, la fille du roi tyran? C’est intéressant car elles vivent dans des mondes opposés et nous donne à voir deux facettes. En cours de route, le point de vue d’Inan, le frère d’Amari, est rajouté. Lui aussi extérieur aux deux autres, donc donnant à voir des choses différentes. En revanche, je trouve cet aspect totalement inutile quand ces personnages finissent par se réunir durablement. Quel intérêt ? D’autant plus que la narration se fait à la première personne. Allez comprendre qui est « Je », au bout d’un moment cela devient confus, en plus de ne rien apporter.

Les deux autres éléments qui m’ont dérangée sont plus classiques et typique d’une fantasy qui ne me plaît pas : du jargon. Affubler tous les animaux de cornes et changer vaguement leur nom… mouais. On se retrouve avec des « renardiens », des « léopardaires », des « lionnaires ». On ne sera jamais ni pourquoi ni comment, ça m’a fait l’effet d’une vague tambouille pour tenter de dépayser le lecteur. Et puis on n’y coupe pas, l’histoire finit par cocher à peu près toutes les cases possibles de la quêtes fantasy-cliché : l’élue, les artefacts à réunir, les antagonistes méchants pour une raison assez obscure ou tirée par les cheveux, les histoires d’amour (j’ai cru qu’on allait y échapper… mais non), les rites et compagnie.

A partir du deuxième tiers de l’histoire, j’ai commencé à lâcher et à peiner sur le récit. Un des points positifs à noter néanmoins : la personnalité de Zélie et d’Amari. Pour une fois je n’ai pas eu l’impression d’avoir des personnages dits adultes avec des comportements d’enfant. Elles sont matures, ont des failles, et l’autrice les fait évoluer toute les deux de manière subtiles et intéressante.

En somme, une histoire en demie teinte, qui ne m’a pas spécialement parlé.

A lire si vous recherchez :
– du young adult
– un contexte dépaysant
– de la fantasy classique

Note : 2 sur 5.
Publié dans Défi, Fantasy

Le Bâtard de Kosigan, tome 1 : L’Ombre du pouvoir – Fabien Cerutti

Illustration d’Alain Brion

De quoi ça parle ?

Le chevalier assassin, Pierre Cordwain de Kosigan, dirige une compagnie de mercenaires d’élite triés sur le volet. Surnommé le « Bâtard », exilé d’une puissante lignée bourguignonne et pourchassé par les siens, il met ses hommes, ses pouvoirs et son art de la manipulation au service des plus grandes maisons d’Europe.

En ce mois de novembre 1339, sa présence en Champagne, dernier fief des princesses elfiques d’Aëlenwil, en inquiète plus d’un. De tournois officiels en actions diplomatiques, de la boue des bas fonds jusqu’au lit des princesses, chacun de ses actes semble servir un but précis.

Et c’est bien ?

Un livre dont j’ai entendu plein de bien, et une couverture poche qui me parle forcément, j’ai donc sauté à pieds joints dans l’ouvrage à l’occasion du mois de la fantasy. Du très bon comme du très irritant dans ce roman, j’en suis sortie assez mitigée.

Le contexte en lui-même est vraiment chouette. Fin d’une période que j’apprécie particulièrement, le Moyen-Age, proposé par un auteur qui a un pied dans l’Histoire. C’est maîtrisé, il y a de la matière et surtout on touche à pas mal de thèmes qui me plaisent pendant cette période : l’hérédité, les liens féodaux et le bazar occasionné lorsqu’il s’agit de perdre ou de gagner des terres et de tirer les ficelles du pouvoir.

Ce texte est métissé par l’aspect fantasy, l’auteur a fait le choix de nous proposer, dans un contexte plutôt réaliste, des créatures fantastiques et de la magie, éléments qui ont une forte influence sur la politique évoquée dans l’histoire. Top là encore, c’est plutôt bien mêlé, les implications créées par la présence d’elfes et une religion qui espère éradiquer toute forme de sorcellerie et de paganisme, on a là un mélange qui a tout pour me plaire.

On rajoute aux points forts de l’histoire un arrière-fond très présent de tournoi. Autant dire que j’ai directement replongé dans le film de Richard Thorpe, Ivanhoé, qui a fortement marqué mon enfance. Et on ajoute enfin des mystères, des énigmes et une plume rythmée, l’auteur tient son lecteur en haleine. Les chapitres sont courts et s’enchaînent rapidement. Certains évoquent les échanges épistolaires du descendant de Kosigan, confronté à un héritage particulièrement intriguant. Le livre devient difficile à lâcher et particulièrement addictif.

Premier « hic » néanmoins : la cohérence narrative. A force de complots et de rebondissements alambiqués, la logique et la cohérence de l’histoire sont parfois bancals. On accordera le bénéfice du doute, en tant que lecteur, en acceptant gentiment de combler avec notre imagination, même si l’ignorance de certains personnages sur certains sujets laisse perplexe face au niveau de machination proposé. Quelques facilités également, tout réussit à Kosigan et on évite pas mal d’embûches en faisant arriver beaucoup de choses en « off ». C’est dommage. Ça reste personnel, mais j’ai trouvé que ça sentait parfois le scénario de jeu de rôle dont le maître de jeu a besoin de tordre certains éléments pour que tout colle et pour avoir absolument une aventure. Mais bon, face au côté aventure très prenant et bien mené, on joue le jeu de bon gré.

Là où en revanche, j’ai un énorme problème avec ce livre, c’est avec les personnages féminins présentés – et pour le coup d’un livre avec quelques défauts mais sympathique, je suis passée à un livre qui m’a bien fait grincer des dents. Pas une seule femme n’est évoquée de manière autre que sexuelle. Baisables avant tout, rêvant d’enlever leurs armures aux chevaliers, dépravées, décrites par leur paire de nichons ou par le fait qu’elles soient vierges… il y a là un énorme problème, et non, clairement non, vu ce qui est écrit et la manière dont ça l’est, ça n’est pas uniquement dû à une hypothétique « affreuse période moyennâgeuse » ou aux moeurs dissolues du Bâtard. Des étapes de quête, voilà ce que j’en ai retenu. Antagonistes ou alliées, elles sont là pour permettre à Kosigan d’avancer, y compris quand le comportement de certaines n’a aucune logique avec le personnage initialement présenté – d’où le fait que je ne crois à aucune excuse de personnage principal ou de contexte historique, c’est la narration elle-même qui a un problème. Cela se sent certainement, j’en veux beaucoup à l’auteur pour cet aspect, qui est venu me gâcher la lecture : dès qu’une femme était mentionnée, j’ai fini par me crisper – et à raison, à chaque fois. La petite phrase ou le paquet de mots qui fâchent arrivaient immanquablement.

Pour tout dire, je crois que je n’avais encore jamais lu de traitement de personnages féminins de cet acabit. Même dans de vieux bouquins qu’on pourrait qualifier de « SF à la papa » ou de « paternalistes », je n’avais pas été perturbée à ce point, et j’ai dans le même temps commencé à comprendre pourquoi certaines lectrices encensaient Le prieuré de l’Oranger, oeuvre qui par ailleurs ne m’a pas plus transcendée que ça.

Néanmoins, je vais les continuer, les aventures du Bâtard, ne serait-ce que parce que j’ai acheté les tomes suivants avant de rencontrer les premiers passages qui m’ont fait tomber des nues. Mais je souhaite à toute force que ce traitement ne se prolonge pas au-delà de ce premier tome, ne serait-ce que parce que c’est le genre de sujet qui peut, au final, m’obnubiler au point d’éclipser tout le reste d’une histoire, qui par ailleurs, et je l’ai souligné, possède toutes les qualités d’une saga d’aventure palpitante.

Note : 3 sur 5.