Publié dans Fantasy

Le Bâtard de Kosigan, tome 4 : Le testament d’involution – Fabien Cerutti

De quoi ça parle ?

Et si l’origine du plus grand lac de la région de Cologne avait un rapport avec une prophétie réalisée en 1341 ? Et si cette même année, le chevalier de Kosigan avait réveillé des forces qui le dépassent ? Et si le destin de sa postérité se jouait cinq siècles plus tard dans la cave voûtée d’un bistrot parisien ? Et si les secrets révélés dans ce livre étaient dangereux ? Et qu’en les découvrant, vous deveniez complice…

Et c’est bien ?

Annonçons-le d’emblée, une fin que j’ai trouvé un peu en eau de boudin et qui renoue avec certains défauts qui m’avaient agacée dans le tome 1. J’ai regretté qu’on perde un peu – même carrément – de vue la quête de sa mère par le Bâtard. L’auteur multiplie les fils narratifs et j’ai trouvé ce tome un peu trop chargé. Tellement de choses sont abordées que j’ai parfois eu le sentiment que la narration ne savait plus, par moment, où donner de la tête pour les explications.

Le vilain inquisiteur, Las Casas, se révèle particulièrement retors et pervers. Comme souvent avec ce genre de méchant, ça passe mal avec moi, le genre de gros vilain qui a toutes les tares possibles. Un peu comme la scène BDSM du tome 1, j’ai trouvé que la lettre à sa mère pour se plaindre de ses vices était de trop.

Le fil du 19e lui, démarrait super bien avec un côté espionnage. Le personnage d’Elisabeth, ex-fiancée de Kergaël, l’héritier de Kosigan, est vraiment sympa, il y a un vrai suspens et j’ai eu grand plaisir à la suivre. Néanmoins, passé un certain événement, j’ai trouvé que le texte devenait bourbeux et peu plaisant à lire. D’ailleurs côté Bâtard c’est un peu pareil : ça s’enlise. Le côté un peu léger et casse-cou de ses aventures précédentes est perdu dans un amas de trucs énormes, et le tome se clôt un peu précipitamment à mes yeux.

D’ailleurs de clôtures, l’auteur m’avait habituée à mieux. Les tartines explicatives de fin m’ont vraiment fait suer – surtout que , côté révélation je n’ai pas trouvé ça folichon, et j’ai trouvé même LA révélation qui lie Kergaël au Bâtard, carrément facile et décevante.

ATTENTION RISQUE DE SPOIL SUR CE PARAGRAPHE Enfin, le dénouement ésotérique est parti en jus de boudin lui aussi, et je dois en prime ajouter que j’ai très moyennement apprécié l’énooooorme clin d’oeil de l’auteur à lui-même. Oui, c’était bien trouvé, mais j’ai trouvé ça carrément de trop et pas très bienvenu. FIN DU RISQUE DE SPOIL

Ce dernier tome m’a paru également renouer avec les ficelles de jeu de rôle que j’avais trouvées trop présentes dans le tome 1 : un livre à cheval entre le roman ou le JD, qui ne sait pas trop ou donner entre pieds de nez et trucs farfelus et récit qui réussit quand même à devenir trop sérieux (oui, j’avoue, moi et les histoires de complots c’est souvent difficile). Bon par contre y a un truc sur lequel je ne peux passer, parce que ça c’est beau ; mais j’ai cru voir un clin d’oeil à Zelazny, voire à Ambre, et le nom de l’auteur apparaît. Et ça c’est beau 😀

Qu’on ne s’y méprenne pas cependant, malgré cet avis avec pas mal de négatif, comme pour le tome 1, l’aventure est plaisante à suivre, mais franchement il me semble que l’auteur aurait dû au moins faire un cinquième tome. Je trouve me suis perdue dans toutes les révélations que l’auteur gardait pour la fin et j’ai finalement eu le sentiment d’avoir un gros mâchouillis qui aurait pu être plus digeste et permettre de traiter de manière plus intéressante ou d’oublier moins de fils ou personnages en cours de route. Une fin en demie teinte donc, j’espère que le cycle suivant – que je lirai fort certainement – sera plus équilibré.

Surtout, surtout, je tiens à remercier mes deux copinautes Chlococo et Honey-Dream, qui m’ont accompagnée dans cette lecture tout au long des 4 tomes et avec qui j’ai eu très grand plaisir à découvrir et discuter des aventures du Bâtard 🙂

Note : 3.5 sur 5.

2 commentaires sur « Le Bâtard de Kosigan, tome 4 : Le testament d’involution – Fabien Cerutti »

  1. Bonjour SF Elfette
    (et Chlococo et Honey-Dream un peu aussi, si j’ai bien compris),

    Merci d’abord pour avoir lu jusqu’au bout malgré tes réticences.
    Merci aussi pour ce retour assez précis sur ce qui t’a déplu (c’est tellement moins désagréable que de lire de péremptoires « c’est décevant », « c’est nul », etc.)

    Alors évidemment, ce n’est jamais agréable de se rendre compte qu’on n’a pas réussi à satisfaire pleinement une partie de ses lecteurs, mais bon, cela me permet d’échanger sur les obstacles et les difficultés de l’écriture et je trouve cela intéressant.

    Ah! ce tome 4!… J’en ai bavé! C’est que c’est épuisant d’écrire une histoire sur le long terme: 40 à 50 heures par semaine en plus de mon métier, ça vous éreinte son homme. Sans compter qu’à la sortie de chaque tome personne n’est jamais satisfait car une partie des réponses se trouve dans la suite et qu’au lieu d’avoir des retours complets on a des « on attend le prochain épisode ».
    Il fallait que je me libère de ça (pour ma santé mentale :)).
    Sauf que mon histoire complète était prévue sur 7 ou 8 tomes…
    Comme parallèlement beaucoup de lecteurs n’accrochaient pas à la partie XIXème siècle, j’ai pris le seul parti qui me semblait viable: liquider d’un coup le côté contemporain de l’histoire pour pouvoir dire « bon, voilà, j’ai clôturé un premier cycle, le second sera pleinement consacré au Bâtard ».
    Du coup, ce qui aurait pu être développé dans les 3 tomes suivants, s’est retrouvé saucissonné en une trentaine de pages (l’aspect « bourbeux », je suppose).
    En l’écrivant, je n’ai pas vraiment ressenti ce côté indigeste, à vrai dire j’étais même assez fier d’avoir réussi à retomber sur mes pattes (en terme de cohérence avec l’histoire officielle, j’entends ; mais aussi SPOILER – avec l’utilisation et la mise en abyme de la littérature imaginaire – FIN DE SPOILER). Mais il faut dire qu’un auteur de série est imprégné de son intrigue plusieurs tomes en amont et en aval, et que les choses qui paraissent limpides dans son esprit ne le sont pas forcément dans celui du lecteur.

    Pour ce qui est de l’ambiance ou de l’atmosphère générale, je pense que c’est une question de goût, car j’essaie de la faire varier d’un tome à l’autre. Ce qui évidemment est un risque. D’où le peu de place dans celui-là du « côté léger et casse cou ».

    Un certain nombre de critiques relève de ce choix de ne pas faire « toujours la même chose ». Mon idée de fond, est double: faire en sorte que cela puisse être véridique, y compris dans les aspects qui peuvent sembler énormes. Or, dans la vie, tout ne passe pas toujours avec maestria, il y a des moments d’attente, des échecs cuisants, des erreurs, à l’inverse, il n’y a que rarement des fausses pistes, des retournements de situation fulgurants, etc. D’où l’aspect « jeu de rôle » que tu n’apprécies que moyennement, je pense. Quand aux éléments qui paraissent « too much », ils sont lié aux explications de la fin côté XIXème… SPOILER – L’auto « clin d’oeil » personnel, n’est pas un clin d’oeil, ni une expression d’orgueil (loin de moi ce sentiment :)), non, c’est juste le seul aboutissement logique: la traduction des écrits de Kosigan est en réalité récente, elle a été volontairement exagérée et romancée par un écrivain qui n’en est pas réellement un, afin de faire en sorte que le livre n’ait pas l’air trop réel. Pour la raison que l’on sait lorsque l’on a achevé la lecture. Rares sont eux qui ont compris que cela expliquait les éventuelles maladresses et les exagérations de la série, ainsi que le fait qu’elle soit écrite dans un français assez actuel. Bien sûr cette révélation aurait certainement été plus digeste si j’avais pris le temps de la développer dans les 3 tomes suivants, – FIN DE SPOILER

    Bon, quoi qu’il en soit, il semble que je n’aie pas super bien réussi mon coup puisque j’ai eu plusieurs retours comme le tiens en ce qui concerne cette fin et cette ultime révélation 🙂

    Que cela ne t’empêche pas, en tout cas, de lire Les Secrets du Premier coffre et ses 6 histoires complètes, chacune avec son ambiance et son style différent. Surtout la pièce de théâtre d’aventure à la cour d’Angleterre qui clôt le recueil et le roman court « Fille de joute ».

    Quant aux origines du Bâtard et de sa mère, c’est comme ce qui peut arriver dans la vie, il espérait les découvrir dans le Saint Empire, mais il n’a que peu progressé. Le reste des réponses le concernant se trouvera dans le second cycle. Si jamais j’arrive à l’écrire… (ce qui est loin d’être évident vu la manière dont je ferraille avec le futur tome 1). 🙂

    Merci encore pour ton retour,

    J’espère vraiment en avoir un aussi sur les Secrets (dont j’aime tous les textes qui d’ailleurs ne sont pas des nouvelles mais des romans courts). 🙂

    Bonne continuation,

    Fabien Cerutti

    J’aime

    1. Bonjour,

      Merci infiniment d’avoir pris le temps de répondre à tous ces points, c’est très intéressant aussi du point de vue de lectrice d’avoir un aperçu de votre travail d’auteur qui, je m’en doute un peu, est de longue haleine sur une telle histoire 🙂

      Je mets beaucoup mon ressenti dans ce que j’écris, et je pense que vous avez raison quand vous parlez de goût. J’ai bien intégré tout ce que vous dites sur les choix logiques, révélations, clins d’oeil de l’auteur-héritier de l’histoire de Kosigan… j’ai simplement mal apprécié de mon côté, mais cela ne manque pas du tout de logique ; et de ce point de vue, que j’adhère ou non à vos choix, je ne peux absolument pas dire que ça manque de cohérence au contraire, vous avez tenté de tout lier. A mon humble avis peut-être parfois un peu trop, et en même temps dans une trame où le complot est central, je comprends complètement la nécessité de le faire.

      La trame XIXe… j’ai un avis très partagé dessus. Il y a des passages qui m’ont beaucoup plu, d’autres pas du tout. Il était ambitieux de traiter deux trames aussi riches en événements en parallèle et je comprends maintenant pas mal d’éléments quand vous dites que davantage de tomes étaient prévus.

      Je resterai lectrice de vos écrits quoi qu’il arrive, que ce soit pour Les secrets du premier coffre, ou pour le cycle 2 pour lequel je serai au rendez-vous. Malgré les hauts et les bas (qui font aussi partie intégrante des cycles 😉 ), je l’aime beaucoup, notre Bâtard. Je lui trouve parfois un côté Corwin d’Ambre qui me plaît beaucoup et qui me fait immanquablement revenir à ses aventures.

      Bien à vous,
      SF Elfette

      J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s