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Coup de coeur |
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Coup de coeur |
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Excellent ! |
Le premier tome laissait un peu les lecteurs sur leur fin, en leur proposant une histoire travaillée et de qualité, mais un peu trop statique. Ce deuxième tome, plus dynamique, permet à la tétralogie de prendre son essor, et entraîne le lecteur dans une série d\’événements passionnants et cruels. Le devenir de Cendres au sein de la maison Léofric est de plus en plus incertain, et il apparaît que son sort sera également lié aux intrigues politiques des grands seigneurs.
Certaines scènes sont assez dures, et la prose de l\’auteure parvient à merveille à plonger le lecteur dans les mêmes affres que Cendres ; la peur et la détresse, le désarroi de trouver des amis chez ses ennemis, l\’allégresse des combats. Porté par une plume précise et cultivée, mais également fluide et agréable à suivre, le texte narre les aventures de l\’héroïne aux cheveux d\’argent avec maestria.
De nouveaux personnages font leur apparition – l\’amir Léofric, le harif Aldéric, quelques soldats, des esclaves avec lesquels Cendres va se lier – , on en retrouve, qu\’on avait quittés à Auxonne, à la fin du Livre 1. Je ne résiste pas au plaisir de vous révéler que l\’on retrouve brièvement le comte d\’Oxford, John de Vere, que j\’apprécie particulièrement. Et à chaque fois, c\’est avec le même plaisir qu\’on les suit, chacun avec ses contradictions, ses interrogations, les problèmes liés à sa condition. En parallèle, l\’évolution des découvertes de Ratcliff et les déboires qu\’il rencontre renforcent encore l\’envie d\’en savoir plus : on sent qu\’il y a anguille sous roche auprès des autorités militaires quant à la découverte de ce pan de notre \ »histoire\ » qu\’est celui de Cendres, et qui ne devrait pas exister…
Mary Gentle distille avec brio le fruit de ses recherches, sans assommer son lectorat de termes et de précisions historiques. L\’ensemble est au contraire intégré au quotidien des personnages, de manière à apporter un vrai plus dans les passages importants – ceux des batailles notamment -, sans donner l\’impression d\’assister à un cours d\’histoire, et les éléments les plus obscurs sont expliqués simplement. C\’est avec le même talent que l\’auteure met en scène des personnages humains, pas manichéens, gouvernés par leurs émotions, hantés par leurs démons, montrés autant dans leurs aspects les plus crasses que dans leurs aspects victorieux.
En somme, un tome 2 intéressant, dynamique… brillant, qui répondra à quelques unes des questions posées dans le tome 1, mais amènera chez le lecteur – et les héros de ce récit – de nouvelles interrogations. Le premier tome laissait présager d\’une bonne saga, le deuxième tome le confirme : Le Livre de Cendres est un récit de très bonne facture, à découvrir de toute urgence !
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Coup de coeur |
Les personnages sont tout aussi réussis. Cendres, la femme mercenaire, la chef, confrontée à une société d\’homme, un environnement violent, habitée par des voies qui lui indiquent comment agir sur le champ de bataille, possède une réelle présence et un caractère suffisamment frappant pour en faire une \ »vraie\ » figure historique. Godfrey, le prêtre informateur, Florian, le chirurgien, Angelotti, le canonnier, ou encore Robert Anselm, le bras droit de Cendres ; sont autant de personnages auxquels l\’on s\’attache. La troupe des mercenaires et son quotidien contribuent à donner toute sa dimension et sa crédibilité à l\’histoire.
Le style traduit lui aussi le travail de l\’auteure et la qualité du texte. Véritable instrument, Mary Gentle sait donner à sa plume des tons et des formes différentes pour s\’accorder aux différents documents \ »historique\ » que Ratcliff traduit peu à peu. Les premières pages sont laborieuses et comme déconnectées du reste de l\’ouvrage. Le corps du texte, quant à lui, se lit plus aisément. Efficace, précise, imagée, riche, la prose de Gentle est agréable à découvrir et sert tout à fait l\’histoire qu\’elle propose à son lecteur, et l\’aspect \ »travail de recherche historique\ » est exploité avec talent.
Le seul \ »défaut\ » – qui n\’en est pas vraiment un – du récit restera sans doute sa lenteur. Tout au long du texte, on sent que ce premier tome sert principalement à jeter les bases de ce qui va suivre. Et si c\’est avec plaisir que l\’on découvre qui est Cendres et dans quel contexte troublé elle va devoir évoluer, on éprouve cependant des difficultés à rentrer totalement dans l\’histoire, à s\’y investir, à s\’y plonger.
Un ouvrage assez particulier donc, mais de réelle qualité. A conseiller aux bons lecteurs, ou en tout cas, à ceux qui n\’ont pas trop peur de se lancer dans un premier tome un peu lent.
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Excellent ! |