Publié dans Fantastique, Horreur, PLIB 2022, Service de presse

Vertèbres – Morgane Caussarieu

De quoi ça parle ?

Printemps 1997, dans une petite station balnéaire des Landes, Jonathan, 10 ans, vient d’être kidnappé.
Selon ses meilleurs amis, le ravisseur serait une femme à barbe. Jonathan est retrouvé une semaine plus tard sur une aire d’autoroute, mais sa mère, Marylou, peine à le reconnaître…

Beaucoup de choses ont changé en lui, la plus déroutante étant l’apparition d’une vertèbre supplémentaire en bas de son épine dorsale. En quoi se transforme Jonathan, et que lui est-il arrivé lors de son enlèvement ?

Et c’est bien ?

Un coup de coeur ! Un texte Diable Vauvert comme je les aime : tout sauf consensuel et qui remue pas mal de choses. Premier livre que je lis de l’autrice, Morgane Caussarieu.

Vertèbres propose une narration composée de deux points de vue internes : celui de Sasha, petite fille issue d’une famille dysfonctionnelle, et celui de Mary-Lou, la maman de Jonathan. Deux personnages très forts, plein de failles mais foncièrement humains, dont toutes les problématiques m’ont parlé. Sasha et la question du genre, de son rapport aux autres enfants, aux adultes ; Mary-Lou et sa maternité, son rapport à son enfant et toutes les interrogations que cela peut susciter. La narration de Sasha se fait par l’intermédiaire de son journal intime, celui de Mary-Lou est une fenêtre ouverte sur ses pensées. La justesse de ces deux personnages m’a frappée ; je crois même qu’on peut étendre cette justesse à tous les protagonistes du livre, car c’est un des points forts du texte.

L’autrice n’épargne pas son lecteur, d’ailleurs, sur certains de ces questionnements. Pas mal de passages sont dérangeants, malaisants, que ce soit par les thèmes abordés ou par le tour qu’elle fait prendre aux événements. Je trouve que ces thèmes sont particulièrement à leur place dans un texte où il est question de loups-garous et de (non-)répression de nos pulsions, et questionnent ce qui nous pousse à agir ou à réprimer nos actes. Par ailleurs, j’ai beaucoup aimé la façon dont la figure du loup-garou est mise en scène, très différente de ce dont on a l’habitude.

Le style de l’autrice fait partie, en plus du sujet, de ce qui m’a rendu la lecture addictive. En adoptant un point de vue interne, nécessairement, nous n’avons pas toutes les données, et l’envie est particulièrement forte de découvrir enfin le fin mot de l’histoire. J’ai trouvé que l’autrice trouvait le ton juste pour se glisser sous la plume d’une enfant de dix ans, ou bien dans la tête d’une mère paumée.

Le seul reproche que je ferais sûrement, ce sont les références. Morgane Caussarieu a fait le choix d’immerger le lecteur dans les années 90. Bien sûr, ça marche à fond, la nostalgie faisant son oeuvre. Néanmoins, trop de références deviennent vite agaçantes et certains paragraphes – heureusement rarissimes et éclipsés au final par ce que l’autrice met en scène – ressemblent parfois à une collection de clins d’oeil et slogans de publicité.

Dans tous les cas, et malgré ce dernier point qui manque un peu de mesure dans le dosage, cet lecture fut particulièrement addictive et plaisante. Le diable vauvert (que je remercie par ailleurs pour ce service de presse offert dans le cadre du PLIB) m’a habituée à des textes non-consensuels et qui ne brossent pas le lecteur dans le sens du poil, ce texte ne déroge pas à la règle. J’ai été particulièrement enthousiaste également de découvrir l’univers de Morgane Caussarieu, dont je vais m’empresser d’aller lire les autres textes. Vertèbres est une lecture que je conseille vivement si vous recherchez une lecture addictive et innovante dans le genre du fantastique.

Note : 5 sur 5.

Infos livre :
Année de parution : 2021
Editeur : Le diable Vauvert
#ISBN9791030703269