Publié dans cyperpunk, Science-fiction

L’ange blond – Laurent Poujois

Illustration de Julien Delval

De quoi ça parle ?

Sujet : LEFÈVRE, Aurore      
Âge : 26 ans     
Signalement : 1m68, 50 kg, blonde, yeux verts.      
Nationalité : Européenne (France)      
Formation : Légion Impériale (six ans de service actif, diplôme de stratégie spatiale, grade de commandant, démissionnaire)      
Profession actuelle : Éducatrice pour biônes / Maître-orchestreur (nom de scène : der Blonde Engel)      
Signes particuliers : Indisciplinée +++/ Dangereuse      
Mission : Démanteler la conjuration menaçant l’impératrice Caroline Bonaparte.      
Note : Ne coopérera pas sans y être contrainte…

Et c’est bien ?

Dans une uchronie mettant en scène un Empire d’Europe, héritage d’un Napoléon n’ayant pas été défait à Waterloo, Laurent Poujois propose un thriller cyberpunk pêchu. Son héroïne, Aurore Lefèvre, retraitée de la Légion Impériale suite à une mission catastrophe, reprend du service, contrainte et forcée par un chantage quant à ses déboires de jeunesse. Au programme, déjouer un complot à l’encontre de l’impératrice.

Le texte collectionne – et assume pleinement – tous les codes d’un James Bond futuriste : une mission secrète, une agente récalcitrante et indisciplinée, des scènes d’action bourrées d’explosifs et de canardages, des passages d’infiltration, trahisons, scène finale en apothéose et riche en retournements de situation… Dès les premières lignes, ça déménage et le lecteur est embarqué, bon gré, mal gré, dans les nombreuses péripéties qui parsèment la mission d’Aurore.

L’uchronie est de très bonne facture et prétexte à de nombreuses facéties et clins d’oeil culturels. On trouve des oeuvres réinterprétées et renommées, un descendant de Hitler vraisemblablement impliqué dans des affaires louches et des Anglais pas très jouasses que le sieur Napoléon leur ait finalement marché sur les arpions.

Vous l’aurez compris donc, pas de temps morts, ça fuse, l’écriture est nerveuse et va droit au but. C’est d’ailleurs sûrement un des quelques reproches que je ferais au texte : une volonté quasi-cinématographique, très visuelle, est le coeur de ce texte. Pas de fioritures donc, exit les effets de style au profit de l’efficace. On sent que l’auteur a bossé pour l’audio-visuel, et parfois ça pulse tellement que je suis restée sur le carreau, un brin fatiguée de cette agitation constante.

Autre bémol, quelques flous ou facilités qui m’ont un peu vue faire la moue : le personnage du descendant de Hitler est plutôt bien utilisé, vu comme l’auteur assume le côté série B, c’était quasiment un élément attendu. Néanmoins on aurait pu se passer du détail de certains travers de sa personnalité, notamment certains passages porno qui n’apportent rien à l’histoire à par du cul et nous montrer comme ce personnage est dépravé. Le principe des biônes m’est resté assez flou durant le texte, il m’a manqué quelque chose. Et le twist final n’apporte pas grand-chose.

En somme, une bonne aventure punchy, qui n’est pas exempte de défauts, mais qui propose une histoire bourrée d’adrénaline. Un bon divertissement.

A lire si vous cherchez :
– du cyberpunk
– une héroïne qui ne se laisse pas marcher sur les pieds
– une aventure sans temps mort

Note : 3 sur 5.
Publié dans Science-fiction

Cyberland – Li Cam

Résumé :
 Ici le destin se décide œil pour œil, dent pour dent.
Tu ne te copieras point en dehors des Terres Parallèles.
Tu ne convoiteras pas le fichier d\’autrui.
Tu ne formateras pas hormis pour sauver le système.
Avis : Un livre qui m\’a longtemps fait baver dans lequel j\’ai enfin plongé le nez. Je lis peu de cyberpunk, mais les quelques ouvrages que j\’ai lus (Neuromancien de William Gibson bien sûr, mais aussi l\’excellent Carbone modifié de Richard Morgan) m\’ont plutôt engagée à y revenir… Et j\’ai très bien fait, puisqu\’avec Cyberland, j\’ai passé un très, très bon moment de lecture. 
La première plongée dans l\’univers est un peu déstabilisante, mais l\’adaptation se fait très rapidement. Il s\’agit ici, pour nos protagonistes, de s\’infiltrer dans l\’Infosphère et d\’y mettre fin. L\’Infosphère est la création de la toute première IA, le nouvel internet, espace connecté, dans lequel les infonautes se retrouvent, en réalité virtuelle. Scoop, on pourrait craindre de vite tomber dans un univers jargoneux ; il n\’en est rien. Très vite à l\’aise avec l\’environnement, on s\’attache très vite aux personnages : Louise, Humod (humaine modifiée pour se connecter directement à l\’Infosphère) guide, qui fait découvrir aux autres autant qu\’au lecteur l\’univers dans lequel elle évolue ; le timide Lu-Pan, Saïd et sa façade de grand adolescent un peu à la ramasse… Découvrir l\’Infosphère a été un réel plaisir, et le premier tiers laisse présager le meilleur, au travers de nombreux rebondissements.
Les choses se corsent un peu lorsque l\’histoire installe nos héros dans une sorte de jeu RPG, qui s\’avère ne pas être ce qu\’il paraît être. J\’avoue, la bonne moitié de cette partie m\’a un peu perdue. Comme Saïd et ses amis, on navigue un peu dans le flou. Pourtant, rien n\’est laissé au hasard et tout trouve sa place. Et plus encore lorsque l\’on atteint la dernière partie, dans Asulon, la prison-camp de rétention des Humods construite par le gouvernement. Un personnage jusqu\’alors en retrait prend son importance, et je dois avouer que toutes les imbrications que l\’autrice tisse, toutes les réflexions qu\’elle suscite sur ce qu\’est l\’humanité, sur les relations humanité / IA, sur l\’identité… sont particulièrement intéressantes. 
En somme, un excellent ouvrage à découvrir, dans lequel on se coule avec aisance et plaisir grâce à une plume fluide, presque graphique. Si vous recherchez un bon livre de SF, je ne peux que le recommander 🙂
C\’est du bon !!