
De quoi ça parle ?
Au retour d’une soirée à l’opéra de Lille, un jeune couple est victime d’un grave accident de voiture. À son réveil à l’hôpital, Félix apprend qu’Ambre est décédée. Il se retrouve aussi affublé d’un chien qu’il n’a jamais vu, un Jack Russell espiègle et affectueux qui ne quitte plus sa chambre.
Félix le nomme Frisbee et tente de reconstruire sa vie avec lui, mais une série d’évènements étranges va lui faire comprendre que ce nouveau compagnon n’est pas ce dont il a l’air. À mesure que les pouvoirs surnaturels de Frisbee se révèlent, les questions se font plus pressantes : qui est-il ? D’où vient-il ? Quels sont les risques à le garder ? Mais la plus importante : est-ce lui qui a provoqué l’accident ?

Et c’est bien ?
J’ai longtemps trouvé le genre fantastique peu adapté au roman, la nouvelle ou la novella présentant à mes yeux un format idéal pour cet exercice. Un chien d’enfer, de Maxime Herbaut, m’a montré qu’il était possible d’écrire un texte long collant au genre, et qui tient à la route tout du long.
Je m’attendais à un texte d’horreur et je peux d’ores et déjà rassurer tous les frileux et les frileuses de ces genres, quelques scènes inquiétantes sont présentes, mais on n’est pas ici sur un récit d’horreur. Un chien d’enfer, c’est d’abord une atmosphère, liée au résumé si on l’a lu, celle de l’attente de ce qui va se passer. Sous les dehors de la normalité du quotidien, Maxime Herbaut sait conserver l’intérêt du lecteur de manière intéressante et prenante. Certains ouvrages du style m’ont donné l’impression de brasser du rien pour renforcer le surnaturel et je m’y suis fait suer. Ici, le quotidien de Félix est marqué par une tension sous-jacente qui donne toute sa saveur au texte.
Les jeux que l’auteur opère sur la réalité – le propre du fantastique – sont fins, cohérents et mettent réellement en valeur tout ce que l’on a lu jusqu’aux points de non-retour. La fantasmagorie est présente par petites touches marquantes et, bien sûr, mâtinée d’un doute permanent.
La plume est belle et j’ai aimé les références culturelles de l’auteur dans son texte. Bien sûr, le fameux Don Giovanni qui émaille le récit, mais aussi les clins d’oeil aux Tex Avery et ses petits frères de la Warner. Entre les tranches de vies de Félix, ces deux éléments (l’opéra de Mozart et les dessin animés) jouent le rôle d’interludes d’abord mystérieux, puis de plus en plus inquiétants ; j’ai aimé la façon dont ils ponctuent et font écho à l’histoire de Félix à mesure que les événements se précipitent.
Jusqu’à la fin il m’a été bien difficile de lâcher ce livre. Maxime Herbaut parvient avec talent à nous mettre dans la peau et les états d’âme de personnage principal. Je m’attendais à ce que la conclusion soit plus concrète mais, à mon grand plaisir, l’auteur a joué la carte fantastique (je parle bien ici du fantastique à la Todorov) jusqu’au bout. Une réussite.

#PLIB2023
#PLIB2023A
#ISBN9782491874216
Ah, un potentiel finaliste pour toi ? 🙂
J’aimeJ’aime
J’aimerais bien. Je n’ai pas encore lu beaucoup des 25 donc pas encore de recul comparatif mais pour l’instant il fait partie de mes meilleures lectures PLIB 🙂
J’aimeAimé par 1 personne