Publié dans PLIB 2023, Science-fiction

Les naufragés de l’institut Fermi – André David #PLIB2023

De quoi ça parle ?

Île de Bréhat, XXIVe siècle. L’Institut Fermi envoie ses agents au XIXe siècle afin d’influencer le cours de l’histoire pour résoudre le grand paradoxe de Fermi et ainsi éviter que l’humanité ne s’autodétruise. Louis, Ángel et Casimir sont des Dériveurs, choisis par les moires de l’Institut car ils présentent le même patrimoine génétique qu’un homme du XIXe siècle. En effet, en Dérive, ce n’est pas l’individu mais sa conscience qui voyage, entre deux corps génétiquement identiques.

Encore plus loin dans le futur, dans ce qu’il reste de l’Institut Fermi en ruines, une jeune clone, Gwenn, réussit à rejoindre un groupe clandestin qui cherche à tout prix à s’opposer aux Dériveurs. Pour cela, eux voyagent, physiquement, dans le temps : ce sont les Voyageurs.

L’affrontement imprévu de Louis et de Gwenn va bouleverser ce que chacun croyait savoir. Quel est le véritable plan des moires ? Qui peut se targuer de maîtriser le cours du temps ? Et surtout, l’humanité peut-elle être sauvée d’elle-même ?

Et c’est bien ?

Un ouvrage de science-fiction dense et bien mené. Malgré quelques défauts que j’évoquerai plus bas, le côté inventif et consistant de cette lecture m’a fait passer un très bon moment.

Le résumé en quatrième de couverture n’a pas été sans me rappeler deux films que j’ai vu plus jeunes ; l’incontournable Armée des douze singes, de Terry Gilliams pour l’aspect « corrigeons le passé et évitons la catastrophe », mais aussi Passé virtuel, de Josef Rusnak dans la manière que certains protagonistes de l’institut Fermi voyagent dans le temps. Je garde de très bons souvenirs de ces films et, si l’aspect voyage dans le temps peut présenter pas mal d’écueils, quand l’auteur mène bien sa barque, ce sont toujours des récits dont je ressors enthousiaste.

Tel a été le cas avec le texte d’André David. Le lecteur est plongé in medias res et vu la complexité de ce qui est mis en place, lecteur lectrice, accroche-toi à tes chaussettes sur 70 premières pages, promis ça en vaut la peine. L’angle de vue utilisé par l’auteur est très restreint. Comme les protagonistes, le lecteur n’est pas dans le secret de gens qui organisent leurs sorties temporelles, aussi les desseins véritables ne se dévoilent-ils que peu à peu.

Côté apports scientifique, je garde en mémoire un passage que j’ai trouvé excellent, dans lequel l’auteur imagine l’ouvrage du mathématicien qui a conduit à la fondation de l’institut Fermi. Mathématique, philosophie et abstraction, j’ai trouvé l’expérience de pensée explicative de ce qui est appelé « la Majeure » et la « Mineure » brillante et passionnante. Promis pour les allergiques, pas de maths dans tous les sens, simplement une façon de penser le temps et l’histoire que j’ai trouvée très intéressante.

Pour ses naufragés, André David met en scène des « tableaux », furtifs aperçus des moments d’histoire que les uns cherchent à modifier, que les autres cherchent à maintenir. J’ai apprécié que l’auteur ne se perde pas en détail sur les périodes et réussisse avec concision à présenter l’essentiel pour que le lecteur saisisse la situation et les enjeux.

En revanche, petit bémol – et c’est malheureusement souvent le cas, je trouve, quand les auteurs se concentrent sur les aspects scientifiques et denses de leur récit – les personnages sont un peu laissés pour compte. J’ai apprécié de suivre Gwen et Louis, mais j’aurais davantage apprécié de m’investir plus émotionnellement à leur côté. Dans ce contexte où il m’a manqué un aspect empathique avec les personnages, le désir de maternité m’a paru presque farfelu et artificiel, pour ne pas dire de trop. On passe sur l’humanité des personnages tellement rapidement qu’il leur manque un quelque chose de spontané. Il en va de même pour le personnage qui m’a le plus plu : celui de Musashi. Son profil est particulièrement intéressant, mais l’auteur a tellement de choses à relater (et l’ouvrage, en plus d’être dense, est déjà épais) qui les introduit très vite et succinctement. C’est là mon principal reproche sur ce récit.

Une lecture exigeante donc, qui présente quelques défauts mais qui mérite que l’on y plonge pour ce qu’elle propose d’aventure, de trouvailles et de réflexions. A découvrir

Note : 4 sur 5.

#PLIB2023
#PLIB2023A
#ISBN9782375792421

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3 commentaires sur « Les naufragés de l’institut Fermi – André David #PLIB2023 »

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