
De quoi ça parle ?
Alfie est une lA de domotique dernière génération. Il filme tout, note tout, observe tout. Implanté depuis peu dans le foyer d’une famille moyenne, il aide au quotidien et propose sa gamme de service à haute valeur ajoutée tout en essayant de comprendre cette étrange espèce : les humains. Mais un soir, tout bascule. Que signifient ces mensonges, ces traces de lutte, cette disparition ? Alfie est dubitatif. Est-ce lui qui délire ? Ou un meurtre a-t-il été commis dans cette famille sans histoires ?

Et c’est bien ?
Vous avez envie d’une lecture facile, légère, fun, addictive ? Plongez dans Alfie !
La donne de départ est simple : l’auteur grossit le trait de l’environnement ultra-connecté et des assistants vocaux pour nous proposer une narration menée par une IA (Alfie). On se doute rapidement que des scènes d’apprentissage linguistique et de quiproquos ne tarderont pas à pointer le bout de leur nez, et je m’en suis frotté les mains à l’avance. A raison car, bien que souvent attendus, ces passages fonctionnent très bien et émaillent le roman de truculente manière. Alfie qui tente de communiquer avec le chat, ou de comprendre et intégrer un langage fleurit offrent des scènes assez savoureuses.
Les personnages mis en scène, la famille Blanchot, présente une structure classique – couple marié avec deux enfants. On n’en entrevoit que ce qu’Alfie en perçoit et en comprend à travers ses caméras, de façon parcellaire mais aussi inquiétante. Car Alfie s’implante partout et se jumelle à tous les appareils connectés qu’il peut : smartphones, GPS, systèmes de sécurités, ordinateurs, miroirs et vêtements connectés. Pire, la famille Blanchot évite de trop le déconnecter, en-dessous de 85% de couverture de la maison par Alfie, le foyer perd des points auprès de l’assurance et ne remplit pas le contrat de transparence qu’ils ont signé.
C’est dans ce contexte que les cachotteries et malentendus prennent place, et que l’intrigue policière entre en jeu. L’auteur s’amuse avec notre perception tronquée par le biais de son narrateur, ce que l’on peut déduire, ce que déduit Alfie. Alfie qui est mis en sus en contact avec le roman étudié en classe par Zoé, l’aînée de la famille, Le meurtre de Roger Ackroyd. Christophe Bouix joue à merveille avec tous ces fils et propose un récit prenant, qui devient très vite addictif, d’autant plus que le lecteur a très vite conscience des biais de perception d’Alfie.
Bien que m’attendant au dénouement, l’auteur est cependant arrivé à me faire douter plusieurs fois. L’intrigue policière est réussie, avec en écrin une satyre de notre société hyper-connectée et notre… inconscience ? Résignation ? face à la pompe des données personnelles par les géants du numérique. L’exercice de style est d’autant plus marquant que, bien souvent, quand on en parle, j’entends souvent que bon, ce n’est « que » pour de la publicité ciblée. Dans Alfie, Christophe Bouix parvient à mettre en exergue les travers que cela peu occasionner en l’intégrant au quotidien d’une famille classique et en rendant le lecteur spectateur, en lui faisant faire un pas de côté par le biais d’Alfie. En somme, une très bonne lecture, distrayante mais pas que. A grignoter sans modération.

#PLIB2023A
#PLIB2023
#ISBN9791030705614
Ça a l’air trop bien !!
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