Publié dans Fantastique, Science-fiction

Vita Nostra – Sergueï et Marina Diatchenko

De quoi ça parle ?

Vita nostra brevis est, brevi finietur…
« Notre vie est brève, elle finira bientôt… »

C’est dans le bourg paumé de Torpa que Sacha entonnera l’hymne des étudiants, à l’« Institut des technologies spéciales ». Pour y apprendre quoi ? Allez savoir. Dans quel but et en vue de quelle carrière ? Mystère encore. Il faut dire que son inscription ne relève pas exactement d’un choix : on la lui a imposée… Comment s’étonner dès lors de l’apparente absurdité de l’enseignement, de l’arbitraire despotisme des professeurs et de l’inquiétante bizarrerie des étudiants ?

Et c’est bien ?

Mise au contact de la plume de Marina et Sergueï Diatchenko il y a dix ans, avec leur ouvrage La caverne, qui m’avait déjà, à l’époque, séduite par son étrangeté et ses liens avec l’inconscient, c’est avec ces éléments que j’ai renoué dans Vita Nostra, avec beaucoup de plaisir.

Le début est à la fois particulier et très plaisant, où l’on découvre la station balnéaire et les vacances d’été de Sasha. La description de la ville et de ce qui s’y passe a quelque chose de mélancolique, d’onirique et de nostalgique. Les événements qui mènent Sasha à intégrer la faculté de Torpa, à savoir l’irruption d’un homme étrange qui lui demande de réaliser des défis tout aussi étrange vient ajouter à cette atmosphère particulière. On est ici hors des codes dont on a l’habitude, en narration comme en éléments d’histoire, et ça décoiffe.

La partie d’apprentissage de Sacha pourrait prendre des allures de Harry Potter, et même si je ne cherche pas particulièrement cet aspect un peu « school fantasy« , l’esprit se conforte aisément dans une routine scolaire en attendant de découvrir les apprentissages de notre héroïne. Sauf que là encore, vous pouvez compter sur les auteurs pour vous secouer et ne pas aller là où vous les attendriez. Néanmoins c’est avec un certain sentiment d’addiction que j’ai suivi les apprentissages de Sasha, ainsi que son évolution. Le mystère qui entoure les cours qu’elle suit, notamment – et même surtout – leur finalité devient vite une obsession : qui fiche-t-elle ici, et pourquoi lui demander d’apprendre ce qu’elle apprend, en usant de chantage ? Le dénouement, lorsqu’il nous frappe, démontre l’adresse avec laquelle les auteurs ont construit leur récit. Lorsque l’on comprends, on ne peut s’empêcher de se dire que c’est tout bonnement génial d’invention et de mise en scène.

L’histoire de Sasha, c’est également – ça tombe bien, c’est le titre du triptyque – le récit d’une métamorphose à plus d’un titre. Bien évidemment ici, on se situe sur celle du passage de l’adolescence à l’adulte à travers les injonctions, pressions et peurs qui poussent, pour de bonnes ou mauvaises raisons, à passer à l’acte, à se construire et à passer à l’étape d’après. Il y a aussi tout un travail sur les non-dits, le silence – je me suis longtemps demandé pourquoi Sasha vomissait de l’or avant de relier tous les liens symboliques que faisaient les auteurs sur cet aspect. C’est une lecture pleine de tiroirs, de symboles et de métaphores et je crois que c’est aussi pour ça que c’est une lecture particulière, qui peut résister au lecteur, qui ne plaît pas à tout le monde.

Je ne sais pas si on peut dire que j’ai compris la fin, je pense qu’en plus, particulièrement sur cette lecture, le sens que les lecteurs et lectrices lui donneront sera complètement différent. Pour ma part, je ne cherche pas particulièrement à lui trouver un sens concret ; je chéris les fin ouverte et les lectures que l’on laisse maturer pour y revenir – ou non – plus tard.

Dans tous les cas, il s’agit ici d’un livre magistral, qui frappe, qui secoue, qui ne laisse pas indifférent, et je pense qu’on ne sera pas surpris si je dis que c’est un coup de coeur. La suite – Numérique – à lire très prochainement.

A lire si vous recherchez

– un roman initiatique qui change des Harry Potter et consorts
– de la SFFF qui sort des codes dont on a l’habitude
– un roman original et qui ne va pas dans le sens du lecteur

Note : 5 sur 5.

2 commentaires sur « Vita Nostra – Sergueï et Marina Diatchenko »

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