
De quoi ça parle ?
Existe-t-il plus grand plaisir que d’écouter des récits macabres, la veille de Noël, dans une vieille maison isolée ? Qu’il est diabolique le frisson qui glace alors les sangs… Qu’il est divin le cri des femmes épouvantées… Ce ne sont pourtant que des histoires… Tandis que celle-ci… Elle a été vécue… Par des enfants encore, deux petits orphelins, si admirablement gracieux, si serviables et si doux… Et leur gouvernante, une jeune fille des plus honnêtes. Ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont enduré et les circonstances extraordinaires des événements qui les ont… Mais non ! c’est trop horrible… Ça dépasse tout… en pure terreur ! Car le pire, c’est de savoir que, justement, on ne saura jamais tout…

Et c’est bien ?
Pour tout vous dire, un premier flop de 2021.
Pourtant, la langue est belle. J’aime particulièrement ces tournures de phrases et ce vocabulaire que je retrouve souvent dans les récits fantastiques du 19e siècle. Mais c’est sûrement le seul point qui m’aura été agréable dans cette lecture laborieuse et éprouvante.
Nous sommes ici en présence d’une histoire de fantômes, ou en tout cas on le suppose. Ficelles habituelles du récit fantastique, le lecteur se demandera si la gouvernante, narratrice de sa propre histoire, cherche bien à toute force à protéger les deux chérubins dont elle a la garde, ou si elle a complètement viré dans une espèce de psychose paranoïaque. Essence du récit fantastique également le fait que le lecteur ne sache pas tout.
Le lecteur passe son temps à questionner ce qui se passe et ce qui s’est passé. Y a-t-il des fantômes ? Des fantômes de deux anciens employés ayant côtoyé les enfants ? On s’interroge aussi beaucoup sur le garçon, Miles. Renvoyé de l’école, on ne saura jamais pourquoi. La narratrice fait état de deux enfants exquis, exempts de tout mal et s’étonne du renvoi de Miles. On apprend également que le jeune garçon passait beaucoup de temps avec l’ancien valet, dont le fantôme semble hanter la demeure. Que faisait-il ? Mystère, on ne peut que supposer, et l’esprit humain va chercher des réponses dans des activités peu avouables, que l’on pourra également questionner quant au renvoi mystérieux de l’établissement scolaire. Dès lors, la gouvernante cherche à le protéger, à le détourner. De quoi, mystère encore, on oscillera d’un bout à l’autre entre les fantômes et les activités supposées.
Certes, ces aspects de doute, d’éléments sur lesquels on ne peut jamais trancher sont intrinsèques au fantastique. Néanmoins, si j’ai pu apprécier cela dans de nombreux récits en grande amoureuse de Poe ou de Maupassant pour ne citer qu’eux, en revanche dans Le Tour d’écrou, ces éléments sont venus donner un tour laborieux à l’histoire. L’auteur passe sont temps en non-dits, en circonvolutions, en évitements – trop et trop longtemps -, et je dois dire que cette narration m’a rapidement fatiguée, agacée, énervée. La lecture m’est rapidement devenue désagréable, pour finir complètement à plat et de manière particulièrement abrupte. Là encore, certainement que l’intension était de laisser turbiner le lecteur, j’en suis restée, pour ma part immensément frustrée.
A lire si :
– vous appréciez les récits 19e
– vous souhaitez lire du fantastique, du vrai
– la frustration ne vous fait pas peur